"Picasso et la Bande dessinée", au Musée national Picasso", à Paris
Pablo Ruiz Picasso (1881-1973) avait-il l’étoffe d’un « Hergé » (Georges Remi/1907-1983), d’un André Franquin (1924-1997), d’un Edgar P. Jacobs (1904-1987) ou d’un « Jijé » (Joseph Gillain/1914-1980) ? A chacun d’entre nous d’en juger avec, à Paris, l’exposition « Picasso et la bande dessinée », première manifestation à mettre en avant les liens existants entre Picasso et la BD.est prolongée jusqu’au dimanche 03 janvier 2021, au« Musée national Picasso ».
Passionné par les« comics » américains, dès l’âge de 13 ans, il produit, lui-même, de petits journaux illustrés, où se mêlent images et textes, se délectant de cette culture populaire et enfantine, dans laquelle il voit également le moyen de s ubvertir les formes académiques.
Découvrant ses nombreux dessins, estampes, planches originales et autres œuvres, grâce à cette exposition, nous réalisons comment il a pu, peu à peu, s’emparer des codes du neuvième art, assez différents de ceux de la peinture traditionnelle. Plutôt que de réaliser des compositions isolées, Ainsi, Picasso privilégie les séquences d’images, organisant l’espace de l’œuvre en différentes cases, plutôt que de créer des compositions isolées.
L’exposition parisienne est découpée en deux parties, le parcours débutant par des BD dont il était friand, tel « Pim Pam Poum », de Rudolph Dirks (1877-1968), qui sont à l’origine de son envie de réaliser, lui aussi, des bandes dessinées.
Ensuite, viennent des dessins, pensés pour les enfants, précédant ses créations plus politiques. De fait, en 1937, arti ste engagé, Picasso utilise la BD pour dénoncer la dictature franquiste, dans « Songe et mensonge de Franco, une série de gravures, dans laquelle nous découvrons ses visions du visage de Francisco Franco (1892-1975), le dictateur qui venait de s’emparer du pouvoir en Espagne.
Quant à la deuxième partie de l’exposition, elle nous propose un tour d’horizon sur l’influence de Picasso dans le monde de la BD, plusieurs dessinateurs et auteurs rendant hommage à notre artiste catalan, en l’intégrant comme personnage dans leurs histoires, ou en représentant ses œuvres les plus célèbres dans leurs cases, tel Edgar P. Jacobs, qui incère des fragments du « Guernica », de Picasso, dans son album « Le Piège diabolique » (« Ed. du Lombard »/1962), de la série « Blake et Mortimer », ou comment Pablo Picasso est devenu en un personnage récurrent de la bande dessinée mondiale, et de carricatures, telles celles dues à Maurice Henry (1907-1984) et Philippe Geluck.
… Et le chef du département de la médiation du « Musée national Picasso », Alexandre Therwath, de déclarer : « L’oeuvre de Picasso fait partie de notre culture populaire et Picasso , lui-même, est devenu l’archétype de la figure du génie. Les auteurs de BD se sont emparé de ça ! » …
Parmi les autres dessinateurs qui se sont onc inspirés de Picasso et de son oeuvre, notons :« Jean Ache » (Jean-Baptiste Huet/1923-1985), Maurice Henry (1907-1984), Milo Manara, Clément Oubrerie, Jean-Marc Reiser (1941-1983) et « Art » (Arthur) Spiegelman.
Soulignons que même si la concomitance de deux événements n’a, a priori du moins, pas grand-chose à voir, les premières oeuvres de Pablo Picasso et le dévellopement des « Comics » américains prennent place à la même époque, à la fin du XIXè siècle…
Voici donc, sur deux étages, un rendez-vous inévitable pour bédéphiles et « Picassophiles », au croisement du « 9è Art » et des oeuvres du fondateur du cubisme, les enfants étant les premiers à s’émerveiller devant de telles oeuvres.
Le nombre d’œuvres exposées constitue une preuve indéniable de l’influence de Pablo Picasso dans la Culture et auprès de ses pairs, l’artiste étant, lui-même devenu un personnage de bandes dessinées.
Avec une jauge rabaissée à 450 visiteurs par jour (au lieu de 2.500), la réservation est, actuellement, indispensable. chose assez contraignante, le port du masque étant obligatoire, de même que la distenciation physique entre les « bulles »,… au pays des « bulles » de BD…
Ouverture : jusqu’au dimanche 03 janvier, du mardi au vendredi, de 10h30 à 18h, le samedi et le dimanche, de 09h30 à 18h. Prix d’entrée: 14€ (11€, en prix réduit). Adresse : rue de Thorigny, 05, 75003 Paris 3. Site web :
http://www.museepicassoparis.fr.
A noter que le magazine « Le Point » a édité un numéro spécial, fort bien illustré, intitulé « Picasso et le Bande dessinée ». Prix de Vente : 9€90 (100 pages/183 x 255 mm).
Par ailleurs, notons que le samedi 19 septembre, à 20h30, un concert dessiné est organisé dans le jardin du « Musée national Picasso », avec la participation de « La Bande à Pablo » (Julie Birmant, voix / Ghali Hadefi, contrebasse / Aurélien Robert, guitare), Clément Oubrerie réalisant les dessins. Accès gratuit, sur réservation obligatoire, via le site web du Musée.
Yves Calbert.