Walon d’ Oufalîje. Ôrtografe. Bordjeûs èt magneûs d’djote
Wallon de Houffalize. Orthographe. Bordjeûs et mangeurs de chou
Effet du confinement et des bulles wilmésiennes, vla lès vîs paltots d’Oufalîje – lès vîs coyons èt lès vîs kméres - ki s’racalèt, ki s’rabrèssèt èt ki s’ratchoûftèt voltî di lon su l’internèt, du moins ceux qui sont du bon côté de la fracture numérique.
On le remarque avec plaisir et intérêt sur le groupe facebook local. Djazer walon c’èst vilin surtout po dès djônes feyes, disait-on. Mais si elles ne le parlaient pas, elles l’écoutaient en silence, et maintenant qu’elles sont affranchies (merci Antoinette Spaak) voilà qu’elles se mettent à l’écrire, plus nombreuses et mieux que les hommes.
Tous les jeunes vieux Houffalois et toutes les Houffaloises à peine âgées avouent patauger pour l’écrire, mais le parler -saveur de l’interdit- a été bien entretenu.
Qu’on se rassure, écrire le wallon normalisé c’est comme un oranger sur le sol irlandais, on ne le verra jamais – et il existe des particularités orales qu’on ne trouve nulle part ailleurs qu’à Houffalize chez les Bordjeûs proprement dits, donc par exemple ni à Engreux ni à Tavigny.
Et voilà que dans la cité de l'Ourthe et dans la disaspora on s’inquiète de l’orthographe de la traduction de Houffalize et du mot Bordjeu. Ce à quoi nous ajouterons la djote (nous y avons consacré plusieurs articles publiés dans ardenneweb, ainsi qu’à l’Ourthe).
Bordjeûs
Personnellement nous nous référons au gentilé selon le Professeur Francard : Bordjeûs (pour les masculins singulier et pluriel ; noter l'accent circonflexe).
Dans la dernière édition de son dictionnaire (comme dans la précédente), Michel Francard fait allusion au type <bourg-eux>, mais le lexicologue vice-recteur émérite de l'Université Catholique de Louvain est le premier à se dire humble dans les arcanes de la grammaire et de l'orthographe où il est toutefois considéré comme le meilleur spécialiste.
Le professeur cite également mougneû ou magneû d'(crâss') djote (sans s final à magneû au singulier) pour désigner les habitants de Houffalize. Ainsi que rouchouchou (rarement richichou). Dans les cas de mougneû et de rouchouchou-richichou ce serait à notre avis plutôt un emploi à réserver au pays de Bastogne, le parler auquel est consacré son dictionnaire.
Oufalîje
L'orthographe que l'on peut considérer aujourd'hui comme la seule admise pour Houffalize en wallon est Oufalîje.
Pas de H, pas de doublement de la consonne f, et un accent circonflexe. Ce qu'on prononce ch s'écrit j.
Dans le cas du f, c'est une règle générale du wallon qui s'applique: pas de consonnes doubles, sauf si la prononciation l'impose (crâsse). Dans le cas du Ou (sans H), on peut présumer que le wallon garde une filiation du "alta" latin, comme le reprend un cercle culturel local (et un restaurant chinois). Autant le savoir quand on fait du wallon d'Oufalîje… sans h à aspirer.
Djote
Et toujours s'agissant de l'orthographe du wallon local, on pourra se référer à un de nos trois articles sur la djote publiés dans ardenneweb. Djote s’écrit avec un seul « t », contrairement nom de la confrérie.
Et le Q?
Tant qu'on y est encore un mot, ou plutôt une lettre. En wallon il n'y a pas de Q. Ce sont les lettre C ou K qui remplacent ce qui pourrait s'écrire avec qu ou qw (cwè pour quoi, kite poutr quitte, kwinze pour quinze, cawe pour queue).
Le wallon, langue maternelle?
Quand on sait la recrudescence de l’intérêt pour les langues régionales (à propos, le wallon est-il une langue ou un dialecte ?) et le supplément de richesse culturelle que détiennent les natifs qui parlent deux langues, on peut dire que pour beaucoup d’entre nous le wallon est le patrimoine majeur que nous ont légué nos parents.
Autant en être conscients tant qu'il est encore temps.
Le wallon est même pour certains, au vrai sens de l'expression, la vraie sinon unique langue maternelle.
Un patrimoine que nous nous ne transmettons plus.
Quelques patronymes bien houffalois
Ceci dit, les fautes d'orthographe ne sont pas poursuivies au pénal, heureusement car tout le monde en fait.
Il importe toutefois d'être plus attentif à l'orthographe des noms de famille. Une faute peut être lourde de conséquences.
À Houffalize, on relèvera, au pied levé : Jacqmin (nom qui apparaît dans la généalogie de tant de Houffalois),
Collette, Verheggen, Herman († Marcel), Urbin, Daulne, Flamang.
À Nadrin, ne pas confondre Géradin et Geradin!
Par ailleurs, que von Rundstedt soit écrit de plusieurs manières différentes sur le site de la commune pourrait ne pas faire rire les Prussiens détenteurs du Panzer...
René Dislaire © Houffalize, le 30 août 2020.
Note: nos articles sur la linguistique
Sur environ 500 articles que nous avons publiés sur ardenneweb en 10 ans les deux "records de lecture" sont consacrés à la linguistique "en deux langues étrangères".
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