LIEGE Ernest de Bavière, le flamboyant Prince-Évêque de Liège
1612 – 2012 Voici quatre cents ans disparaissait Ernest de Bavière, le flamboyant Prince-Évêque de Liège épris de modernité.
Prince humaniste, Ernest de Bavière entretient dans son palais une cour savante, témoignant de sa passion pour l’astronomie, les mathématiques, la médecine, la philosophie et les arts. Il finance l'astronome Kepler, correspond avec Galilée et accueille l'humaniste Juste Lipse. Soucieux des questions de santé et du sort des plus faibles, il s’investit dans le développement du thermalisme spadois tout en apportant son soutien à la création d’un hôpital de bienfaisance qui portera son nom.
Prince moderne, il encourage la nouvelle industrie favorisée par l’exploitation du charbon et les capitaux délivrés par les premiers investisseurs de l’ère capitaliste. En outre, à la grande satisfaction des Liégeois, il entame des réformes politiques en apportant plus de démocratie dans l'organisation des corporations de métiers.
Prince catholique, il observe scrupuleusement les conclusions du Concile de Trente par la création du premier collège liégeois tenu par des jésuites et d’un séminaire destiné à former correctement les prêtres. Il met également beaucoup de zèle dans l’organisation d’une vaste chasse aux sorcières et aux protestants.
Le portrait d’Ernest de Bavière ne peut être complet sans évoquer ses contradictions. Il cumule les évêchés et entretient des relations avec plusieurs femmes dont il reconnaît les enfants. Mieux encore, il s’adonne impunément à l’alchimie pendant que brûlent les sorcières un peu partout sur son territoire.
Internationalement, Ernest de Bavière doit faire face à une situation délicate. Depuis les années 1540, le conflit violent qui oppose les réformés et les catholiques entraîne l’Europe dans une succession de guerres. Les troupes espagnoles, hollandaises et françaises s’affrontent aux Pays-Bas depuis 1572. Malgré une neutralité farouchement défendue par les Liégeois, le pays subit le passage des troupes belligérantes avec le triste lot de dévastations qui les accompagne.
Du point de vue commercial, la neutralité a des avantages indéniables. Certains industriels tels que Jean Curtius le comprennent rapidement. Ce dernier fait fortune dans le commerce de la poudre à canon avec l’Espagne. En quelques années, il devient l’homme le plus riche de Liège et se montre capable de se construire un palais plus fastueux que la demeure privée du Prince.
C’est précisément dans les pièces d’apparat de ce Palais Curtius que se tiendra l’exposition Ernest de Bavière. Le visiteur sera véritablement plongé dans cette époque charnière entre la fin de la Renaissance et le début des Temps Modernes, à travers la vie d’un homme qui l’incarne à merveille. Tout au long d’un parcours réunissant près de trois cents pièces et objets précieux mis en valeur par des technologies de pointe, il vivra une expérience unique qui l’emportera à travers les tumultes des guerres de religion, les raffinements d’une cour brillante, les progrès des sciences et des techniques, le développement des nouvelles industries, les mystères de l’alchimie, ainsi que les procès en sorcellerie. Cet anniversaire est une occasion unique pour redécouvrir un personnage hors du commun le temps d’une grande exposition qui se tient du 18 novembre 2011 au 20 mai 2012 au Grand Curtius.
Plus de 350 peintures, sculptures, ouvrages et instruments scientifiques précieux des XVI et XVIIe siècles, venant de grandes collections publiques et privées, belges et étrangères, ressuscitent Ernest de Bavière, prince-évêque de Liège de 1581 à 1612, dans une scénographie contemporaine ponctuée d'animations et d'images 3D. Didactique, thématique, et interactive, l'exposition aborde les différentes facettes du règne de ce personnage emblématique, ami de Galilée et cousin de l'empereur Rodolphe II.