Legend Boucles de Spa
Le héros local Jean-Pierre Van de Wauwer enfin dans la légende !
Malgré le froid et une pluie quasi incessante rendant les routes boueuses et glissantes à souhait, le public a une nouvelle fois répondu en masse à l’appel (et contre appel) des organisateurs des 54e Legend Boucles de Spa.
Avec les forfaits de dernière minute de Bruno Thiry (arceau non conforme), Guy Colsoul (pression d’huile) ou de l’Allemand Thomas (moteur), trois cent vingt équipages se présentaient au départ samedi matin. Un nouveau record.
Dans la catégorie Legend, la journée démarrait par la neutralisation de la première RT de Stoumont. « Il y avait trop de public et encore des gens mal placés. On n’a voulu prendre aucun risque et envoyer un signal fort, » expliquait l’organisateur Pierre Delettre.
S’ensuivaient deux RT où la moyenne de 80 km/h était facilement tenue par tous les ténors. Avant le premier juge de paix de Clémentine où une première hiérarchie se dessinait avec le « scratch » réussi sur la terre par la Citroën Visa 1000 Pistes de Thierry Neuville devant les Escort de Duval et Stouf.
La deuxième boucle voyait disparaître quelques favoris. Après le « Pilote Mystère » Gwyndaf Evans (souci d’alternateur sur sa Mazda RX7 Gr.B), le plus rapide dans la RT initiale de Lierneux, Pascal Gaban (boîte de vitesses), Patrick Snijers (pression d’essence), Didier Auriol (cardan) et le dernier lauréat Stouf étaient contraints de jeter le gant.
Devant, dans un style lui valant le prix du pilote le plus spectaculaire attribué par le public, François Duval prenait assez facilement la mesure d’une Visa barrée en puissance et regrettant l’absence de neige. La Ford Escort MKI rouge creusait l’écart depuis la RT5 mais dans l’avant-dernier tronçon, à Ster, la transmission rendait l’âme laissant « Dudu » déçu mais philosophe. « Je commence à avoir l’expérience de la malchance. On a passé une bonne journée avec une super auto. Dommage qu’elle n’ait pas tenu dix kilomètres de plus… »
Bernard Munster ne pouvant repartir après une petite sortie dans Basse-Bodeux et Robert Droogmans victime d’une crevaison dans la spéciale de Ster, Thierry Neuville, à la lutte avec Jean-Pierre Van de Wauwer retrouvait les commandes de la course l’espace de quelques minutes. Quelques centaines de mètres après le départ de l’ultime étape de Creppe, nouveau coup de théâtre, le moteur de la petite Visa cravachée durant toute l’épreuve poussait son dernier soupir. « Pas de souci, on s’est bien amusé, ce sera pour une prochaine fois, » souriait sportivement le pilote officiel Citroën.
A l’arrivée, Jean-Pierre Van de Wauwer, acclamé par des centaines de supporters, pouvait laisser éclater sa joie. Pour la première fois en trente ans, le Verviétois de 58 ans comptant cinq deuxièmes places, remportait les Boucles de Spa. Sa Lancia Beta Monte-Carlo aura échappé à l’hécatombe et « Vande » a bien été le plus régulier. Il mérite amplement ce qui pour lui prend l’allure d’une véritable consécration.
« Je ne trouve pas les mots. C’est le plus beau jour de ma vie, » s’exclamait-il, les larmes aux coins des yeux. « Je suis doublement fier car je gagne avec l’auto faite de mes mains et sans avoir été ridicule face aux jeunes. J’ai certes profité d’abandons, mais je n’étais jamais loin. Je vais savourer. Merci aux organisateurs de nous offrir ce superbe rallye. Ce n’est pas facile pour eux. Il faut les soutenir. »
Derrière « Vande », suite il faut bien l’avouer à de nouveaux soucis de chronométrage avec un système Tripy décidément pas adapté à l’épreuve, on a dû attendre longtemps avant de connaître le nom du premier dauphin. Et, à la surprise générale, y compris la sienne, la coupe du deuxième est finalement revenue à la Porsche du roi du provincial Raymond Horgnies très bien assisté par Cédric Pirotte, vainqueur en Classic en 2011.
Heureux comme s’il l’avait emporté, Robert Droogmans complétait le podium : « Il y a une semaine, je ne savais même pas que j’allais rouler ici. On a passé un très bon moment. Sans une crevaison et un bris de durite de freins, j’aurais pu m’imposer. Je n’ai jamais eu de chance à Spa. Mais je reviendrai encore, c’est sûr. »
Au pied du podium, on retrouvait les deux premières Escort avec une inespérée 4e place pour le jeune Kevin Demaerschalk sur sa petite MKI et un excellent 5e rang pour le roi de la glisse Fred Bouvy.
Après une nouvelle victoire au Monte-Carlo, José Lareppe accrochait une belle 6e place sur la Kadett partagée avec sa fille Sophie devant la Ferrari 308 GTO Gr.4 de Bjorn Waldegard que personne n’attendait vraiment à l’arrivée (elle avait démarré pour la première fois à quelques heures du départ) et la petite Porsche du dernier vainqueur du Mans André Lotterer, meilleur débutant en rallye. « Cela m’a vraiment donné l’envie d’en refaire un, mais plus avec une Groupe N. »
Felix-Marie Brasseur et le quintuple lauréat des 24 Heures de Spa Eric Van de Poele complétaient le Top 10 devant la Saab de François de Spa, la Kadett des motards Gérald Delepine et Eddy Seel et l’Escort de Christian Kelders.
En Classic, la victoire est aussi revenue à une Lancia, Fulvia celle-là, pilotée par Michel Horgnies.
On laissera le mot de la fin à Pierre Delettre : «Le plus important pour moi après le Condroz est qu’il n’y a eu aucun accident grave. Hormis mon ami Bertrand Baguette qui s’est cassé la clavicule et souffre d’une commotion après une grosse sortie. Mais avec le public, tout s’est bien passé. Les spectateurs semblent avoir retenu les leçons et ont respecté les leçons. Et bien sûr le gros point noir du chronométrage. Alain Lopes pensait avoir solutionné le problème. Cela n’a pas été le cas. On le regrette et on s’en excuse. »
Heureusement que cela n’a pas gâché la fête pour 95% du public et des concurrents avant tout là pour le fun…
(Com. & Patrick Davin)
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