Evénement des "Grignoux" : "C'est ça l'Amour" de Claire Burger, avec Bouli Lanners

écrit par YvesCalbert
le 20/03/2019
"C est ca l Amour" (Claire Burger) (c) "Mars Films"

Ce vendredi 22 mars, à 20h, au « Caméo » après une rencontre avec la réalisatrice et l’acteur principal, projection de « C’est ça l’Amour », en Avant-Première namuroise, son Avant-Première liégeoise, au « Sauvenière », étant programmée à 20h30, précédant une rencontre avec Claire Burger et Bouli Lanners, tous deux devant effectuer un rapide transfert entre Namur et Liège, afin de pouvoir être présents, le même soir, dans les deux salles des « Grignoux ». … Et pour ceux qui ne pourront découvrir cette fiction à l’occasion de cette soirée événementielle, en séances ordinaires, « C’est ça l’Amour » (Claire Burger/Fra./2018/98’/avec Bouli Lanners) restera à l’affiche du « Caméo » et du « Sauvenière », jusqu’au mardi 16 avril, sachant que ce film sort également dans de nombreuses salles, tant à Bruxelles qu’en Wallonie. Synopsis : « Depuis que sa femme est partie, Mario tient la maison et élève seul ses deux filles. Frida, 14 ans, lui reproche le départ de sa mère. Niki, 17 ans, rêve d’indépendance. Mario, lui, attend toujours le retour de sa femme… » A un confrère d’ « AlloCiné » (http://www.allocine.fr), la réalisatrice confie : « En plongeant au coeur d’une ville et d’une famille, dans un moment de crise, je voulais observer les liens qui se font ou se défont au gré des incompréhensions mutuelles, des prises de positions hâtives. Raconter le désordre familial et social, comme une polyphonie où se confrontent les subjectivités de chacun. Un champ de bataille, où les personnages, sous pression constante, en proie aux rapports passionnels et aux émotions à fleur de peau, se font parfois la guerre avec violence. Il est ici question d’amour mais aussi de pouvoir, de territoire, de reconquête ou de désertion. Mario (Bouli Lanners, ndlr) n’est pas seul à batailler pour conserver ou fabriquer du lien. Niki et Frida sont elles aussi en quête d’amour. Des amours naissants, adolescents. Et le bouleversement intime que vit Frida, qui découvre sa sexualité, vient lui aussi chambouler l’ordre familial. » « Le film s’inscrit dans une période où les femmes gagnent des acquis et de la liberté. Mais l’idée n’était pas de représenter un homme en opposition à ce changement. Le personnage de Mario change lui aussi, se repositionne dans ce contexte. Je voulais faire le portrait d’un homme délicat, sensible, tendre, loin des clichés de la virilité. J’ai été élevée par un homme comme ça. » « J’ai caractérisé les personnages du film en m’inspirant de mes proches. Mais plus que dans mes précédents films, je me suis autorisée à aller vers la fiction…Dans ce film, le personnage de Mario est débordé par des femmes aux lourds tempéraments. Autour de lui, toutes sont fortes, solides, et toutes – ses filles, sa femme, ses collègues, celle aussi qu’il rencontre sur une aire d’autoroute – le bousculent. » « Pour Mario, je me suis inspirée de mon père, dans sa personnalité, son rapport à la paternité et surtout à la transmission. C’est son éducation, et d’une certaine façon son féminisme, qui nous ont permis à ma soeur et moi je crois, de nous sentir fortes en tant que femmes, et ensuite pour ma part, légitime à vouloir devenir cinéaste. » « Avec ‘C’est ça l’Amour’, j’avais envie de mélanger les gens et les genres… Vivre une aventure humaine collective et trouver de l’harmonie entre des personnes totalement différentes, des parisiens, des lorrains, issus de toutes les classes sociales… Et dans des populations qui se sentent fragilisées, peu écoutées, très peu regardées, le fait d’exprimer quelque chose de soi publiquement peut être bouleversant. » « Pour raconter cette histoire, je devais sortir de ma subjectivité, imaginer comment cette séparation avait été vécue par les autres membres de ma famille. J’ai pris beaucoup de plaisir à libérer mes personnages de la question du réel ou de la vérité pour les amener à vivre leur propre histoire. J’ai aussi voulu travailler pour la première fois avec un acteur professionnel pour le rôle de Mario. Le scénario était très structuré et les dialogues très écrits. Je voulais qu’ils soient joués tels que je les avais imaginés, et donc, avoir moins recours à l’improvisation que sur mes précédents films. » « Antonia Buresi, qui joue dans ce film, fait vraiment partie de l’équipe d’ ‘Atlas’ (une troupe de théâtre, ndlr). Elle m’a proposé d’accompagner sa troupe à Charleroi, dont l’histoire ouvrière est proche de celle de ma ville natale. En suivant la troupe, j’ai vu comment le groupe se constituait en créant du lien social. Dans des populations qui se sentent fragilisées, peu écoutées, très peu regardées, le fait d’exprimer quelque chose de soi publiquement peut être bouleversant. Pour le film, nous avons recréé un ‘Atlas’ à Forbach, ma ville natale, à la frontière allemande, au nord-est de la France. » « J’étais curieuse de ce qu’un acteur professionnel pouvait apporter au film, mais je voulais qu’il puisse s’ancrer dans le territoire que je filmais. J‘ai pensé à Bouli Lanners pour incarner Mario, Bouli étant lui aussi frontalier. Il parle plusieurs langues, dont le dialecte pratiqué dans ma région. C’est quelqu’un qui a énormément d’enfance et une immense sensibilité. Seul Bouli pouvait incarner ce père si sensible et touchant. » « Lorsque nous avons décidé de nous voir pour parler du rôle, il a proposé que l’on se rencontre à Forbach et non pas à Paris. Il voulait voir la maison de mon père, s’imprégner de la ville. Il a immédiatement compris que ce territoire était important pour moi. » « Forbach est un territoire singulier que je voulais continuer à explorer. Lors des repérages nous avons cherché des maisons plus spacieuses qui auraient facilité le travail de l’équipe, mais je n’ai pas réussi à me résoudre à tourner ailleurs. Il y avait quelque chose d’émouvant et de réparateur pour moi dans le fait de filmer cet espace lié à mon enfance, d’y faire évoluer les acteurs. Je voulais parler avec le plus de sincérité et d’intimité possible d’une situation qu’on peut considérer comme banale, mais qui est dramatique pour beaucoup de famille au moment où elle survient… » De son côté, Catherine Lemaire, pour « Les Grignoux » (http://www.grignoux.be) écrit : « Dans une salle de théâtre, des amateurs de tous horizons sont venus participer à un projet artistique. Ils déclinent leur prénom, leur métier, leur raison d’être là. Parmi eux, Mario hésite à se livrer, un peu gauche. Il travaille en première ligne dans une administration et reçoit des citoyens souvent en colère, parfois perdus. Il ne sait pas trop pourquoi il est venu… Ou le sait trop bien : pour entr’apercevoir sa femme, éclairagiste perchée là-haut, et qui a quitté le domicile familial, fatiguée d’une vie commune dont on ne saura rien ou presque. » « D’emblée, la justesse est là, dans cette manière de capter des fragments de vie, de raconter une ville de province que l’on sait socialement marquée, mais sans faire de discours, en filmant ses habitants, bouffée documentaire dans un film au réalisme doux et bienveillant. Mario habite désormais seul avec ses deux grandes filles. L’une, Niki, bientôt 18 ans, fait le gros dos face aux turpitudes familiales. Elle débute une relation avec un gentil garçon dont elle voudrait qu’il ne s’amourache pas trop, elle n’a pas envie de se sentir trop liée. L’autre, Frida, 14 ans, vit une période troublée. » « En révolte face à son père, parfois démuni par tant d’agressivité, elle découvre ses désirs sans savoir trop qu’en faire, impatiente et en même temps sur la réserve. Le reste, c’est une histoire de maturité, de rupture, d’acceptation … Et d’amour, bien sûr. De beaucoup d’amour, maladroit parfois, avec ses ratés et ses moments de grâce, inconditionnel toujours, d’un père pour ses filles… » Ancienne étudiante de la « FEMIS » (« École nationale supérieure des Métiers de l’Image et du Son » ), son film de fin d’études, « Forbach » (Fra./2008/ 35′) remporte, en 2008, le « Prix Ciné Fondation », au « Festival de Cannes », et le « Prix Entente Cordiale du meilleur Court-Métrage », du « British Council ». Claire Burger, avec sa collègue et amie Marie Amachoukeli, reçoit, en 2010, à Paris, le « Lutin du meilleur Court-Métrage », au « Théâtre national de Chaillot », ainsi que le« César du meilleur Court-Métrage, pour « C’est gratuit pour les Filles » (Fra./2009/23′). Co-réalisatrice, avec Marie Amachoukeli, de « Party Girl »(Fra./2013/96′), elle reçoit, en 2014, le « Grand-Prix » du « Festival de Cabourg » et la « Caméra d’Or » du « Festival de Cannes ». « Elle signe ici un film (« C’est ça l’Amour », ndlr) en solo d’une beauté gracieuse, avec l’humilité d’une grande cinéaste », écrit Catherine Lemaire, pour « Les Grignoux ». Notre collègue poursuit : « Et celui qu’on redécouvre, c’est Bouli Lanners ! On l’a regardé évoluer, on a suivi sa carrière avec émerveillement, avec admiration. Disons-le tout net : c’est l’un de ses meilleurs rôles. Claire Burger le dirige, avec aisance et vigueur, sur les rivages de la paternité intranquille, celle qui cherche le bon équilibre, entre compréhension et complicité, entre douceur et fermeté… » Lisons encore ce que Thomas Pouteau écrit concernant « C’est ça l’Amour » : « Les hommes d’aujourd’hui peuvent faire preuve d’émotions et d’une sensibilité touchante trop souvent réprimées par le passé…Ce film, dramatique et comique à la fois, parle de l’union et de l’éloignement des membres d’une famille, notamment dans une scène mémorable de drogues euphorisantes, où, pour la première fois, la famille se retrouve au complet. » Il poursuit, concernant Bouli Lanners : « Un rôle forcément bouleversant, qui vient souligner l’incroyable élasticité de l’acteur, que l’on a vu criminel, dans « Tueurs » (Jean-François Hensgens & François Troukens/ Bel.-Fra./2017/86’/film lauréat, en 2019, du« Magritte de la meilleure Actrice », pour Lubna Azabal/ndlr), éleveur canin, dans « Chien » (Samuel Benchetrit/Bel.-Fra./2017/94’/film lauréat, en 2017, au« FIFF », à Namur, du « Bayard d’Or du meilleur Film », du « Bayard du meilleur Scénario » et, pour Vincent Macaigne, du « Bayard du meilleur Comédien »/ndlr), et veuf homo désabusé, dans « Troisièmes Noces » (David Lambert/ Bel./ 2018/98’/ndlr). » … Et pour ceux qui ne connaissent pas encore ce brillant acteur, devenu, également un excellent réalisateur, soulignons qu’il a obtenu, entres autres, comme acteur, en 2013, le « Magritte du meilleur Acteur dans un second Rôle », pour son interprétation dans « De Rouille et d’Os » (Jacques Audiard/Bel.-Fra./2012/122’/film lauréat, en 2013, de 4 « César », 4 « Etoiles du Cinéma français », 2 « Globe de Cristal » et 2 « Prix Lumières » ). Comme réalisateur, deux de ses films ont déjà totalisé 10 « Magritte du Cinéma », 5 en 2012, pour « Les Géants » (Bel./2011/85’/film aussi lauréat, en 2011, de 2 « Bayards », au « FIFF », à Namur, et de 2 Prix au « Festival de Cannes »), ainsi que 5 autres en 2017, pour « Les Premier, Les Derniers » (Bel./2016/97’/film aussi lauréat, en 2016, de 2 Prix à la « Berlinale », du « Swann d’Or du meilleur Réalisateur », à Cabourg, et du « Polar du meilleur Long-Métrage francophone », à Cognac). Son film « Eldorado » (Bel.-Fra./2008/85′) fut aussi honoré, en 2008, de 2 Prix au « Festival de Cannes » et du « Prix André Cavens », décerné par l’ « UCC » (« Union de la Critique de Cinéma » ). En outre, en 2010, chez nos voisins français, il a été fait « Chevalier de l’Ordre des Art et des Lettres ». Quand au film « C’est ça l'Amour », notons qu’il a déjà remporté, en 2019, 4 Prix au« Les Arcs Film Festival », à savoir la « Flêche de Cristal », ainsi que le « Prix du Jury Presse », le « Prix Femmes de Cinéma Sisley/Les Arcs » (ayant pour but de sensibiliser les médias, les professionnels et le grand public aux discriminations dont les femmes peuvent encore faire l’objet dans l’univers du Cinéma), ainsi que le « Prix d’Interprétation masculine », pour … Bouli Lanners. Yves Calbert.

  • "C est ca l Amour" (Claire Burger) (c) "Mars Films"
  • Sarah Henochsberg & Justine Lacroix dans "C est ca l Amour" (Claire Burger) (c) "Mars Films"
  • "C est ca l Amour" (Claire Burger) (c) "Mars Films"
  • "C est ca l Amour" (Claire Burger) (c) "Mars Films"
  • Bouli Lanners, dans "C est ca l Amour" (Claire Burger) (c) "Mars Films"
  • "C est ca l Amour" (Claire Burger) (c) "Mars Films"
  • En 2019, 4 Prix au (c) "Les Arcs Film Festival", pour "C est ca l Amour"
  • Claire Burger (c) Thierry Sanchis/"Republicain Lorrain"
  •  L equipe du film "C est ca l Amour", Fleche de Cristal" du (c) "Les Arcs Film Festival"
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