A Namur, deux Documentaires, en Projections événementielles, ses 30 Avril et 02 Mai
Récemment programmé par le « Millenium International Film Festival », à Bruxelles, ce prochain jeudi 2 mai, à 20h, au « Caméo », à Namur, projection événementielle du documentaire « La Vie d’une petite Culotte et de celles qui la fabriquent » (Stéfanne Prijot/Bel./2018/60′), en partenariat avec la
« Maison de l’Ecologie », dans le cadre du « Slow Fashion Project/Salon de la Mode durable », cette projection étant suivie d’une rencontre avec la réalisatrice, ainsi qu’un(e) membre de la « Fashion Shift Revolution » .
Synopsis : « Ce documentaire raconte la vie de celles qui travaillent dans l’ombre des hangars, des industries du textile. Le processus de fabrication d’une petite culotte relie Yulduz, une agricultrice dans les champs de coton ouzbeks, privée de liberté d’expression ; Janaki, une jeune fileuse Sumangali, qui a dû quitter les bancs de l’école pour l’usine ; Mythili, une teinturière, en Inde, qui rêve de devenir maman ; Risma, une militante pour les droits des ouvrières, en Indonésie et à ma mère, Pascale, qui tient un petit magasin de vêtements, en Belgique, … mais qui, depuis la délocalisation des usines il y a 30 ans, ne propose aujourd’hui plus de vêtements 100% belges. A chaque étape de sa fabrication, de pays en pays, l’histoire de cette petite culotte nous emmène dans l’intimité de la vie de ces cinq femmes, maillons d’une chaîne de production mondiale bien opaque… »
Ce film nous questionne quant à lavaleur que l’on donne aux vêtements, évoquant, surtout, les vies de celles qui les fabriquent, dans l’ombre des industries du textile, nous permettant de mieux comprendre notre rôle en tant que consommateur, la réalisatrice tentant de pallier le manque de transparence de l’industrie textile, nous démontrant que nous informer sur les provenances de nos vêtements est, peut-être, le début d’une solution... »
Séfanne Prijot se confie : « Depuis mon enfance, j’aidais maman à déballer les livraisons d’habits et à les ranger sur les étagères du magasin. A cette époque, la grande majorité des vêtements vendus étaient produits en Belgique. Trente ans plus tard, la provenance des habits a pris une allure plus asiatique, alors qu’en Occident, la tendance est à la sur-consommation… »
Ainsi, en vingt ans, la production mondiale de textile a doublé, impactant inévitablement notre planète : coût environnemental, précarité des conditions de travail, inégalités et injustices sociales, …
En outre, nous apprenons qu’en Ouzbékistan, la mer d’Aral couvrait, au début des années ’60, une superficie de 66.458 km2, soit plus de deux fois la superficie de la Belgique. L’intensification de l’agriculture du coton, très demandeuse en eau, a vu la mer d’Aral perdre 90% de sa superficie.
Par ailleurs, soulignons que l’utilisation d’engrais et de pesticides dans l’agriculture, aussi bien que des dizaines des produits chimiques toxiques utilisés dans les usines de teintureries et de filages commettent des désastres sur la santé et l’environnement.
De fait, la majorité des vêtements que l’on porte contient des produits chimiques pouvant avoir des effets néfastes sur la santé. Ainsi, en Inde, le nombre d’ouvrières atteintes de cancers augmente, ainsi que des nombreux cas d’infertilité et d’enfants nés handicapés.
Hors, les grandes marques occidentales sous-traitent leurs productions dans des pays à l’économie « low-cost », où la main d’oeuvre ne coûte presque rien… Et si les travailleurs sont mis sous pression et sont dans l’obligation d’atteindre des quotas de production, les patrons d’usines, quant à eux, répondent à l’attente occidentale.
Notons, néanmoins, qu’en Indonésie, des travailleurs se sont regroupés en un syndicat, qui, désormais, exige l’obtention d’un salaire minimum décent, des meilleures conditions de travail et un changement de législation au niveau national.
De retour en Belgique, on fait face à un dernier problème de taille : le manque de transparence de l’industrie textile. Quelle que soit la marque, quel que soit le prix du produit, on ne peut plus savoir, aujourd’hui, si le vêtement a été produit dans des bonnes conditions ou non.
Une certitude, le prix d’un vêtement, chez nous, ne correspond pas au coût réel de sa production asiatique…
Notons encore que le dimanche 05 mai, à Namur, la « Maison de l’Ecologie » organisera, au sein de la « Ravik Boutik », le premier « Salon wallon de la Mode durable », intitulé « Slow Fashion Project« , cet événement étant programmé en partenariat avec la Ville de Namur et la « Ressourcerie », avec pour but de nous sensibiliser au danger de la « fast fashion » et de mettre en valeur une manière de consommer plus éthique et raisonnable.
Auparavant, ce mardi 30 avril, à 20h, en ce même cinéma namurois des « Grignoux », une autre projection événementielle d’un documentaire nous est proposée, à savoir celle d’un film indispensable dû au réalisateur autrichien de « Plastic Planet » (Aut.-All./2009/95’/lauréat, en 2010, du « Prix du meilleur Documentaire », aux « Romy Awards », à Vienne/nommé, en 2011, au 1er « Festival International du Film Géopolitique », à Grenoble), qui, pour son nouveau film, présente son sujet avec Kathrin Hartmann, journaliste et autrice allemande, experte en « greenwashing » (écoblanchiment).
Synopsis : « Démontstration les contradictions entre les actions des multinationales et leur communication qui prétend a leur vertu en matière de processus écologiques et de développement durable… »
Interviewé, pour « Retro-HD », par notre collègue français, Pierre Larvol, l’humoriste, acteur et scénariste, Manu Payet, le narrateur, dans la version française, déclare :« Ma façon de consommer est aujourd’hui différente. Il est pas question de tout changer du jour au lendemain, je ne pense pas qu’il faut recevoir le film comme ça. Le changement se fait dans le temps, au fur et à mesure. Avant c’était ‘moins’ et aujourd’hui c’est ‘plus du tout’, en tout cas pour la pâte à tartiner. Cette pratique du greenwashing m’a fait dire qu’agir de manière citoyenne peut être autant conscient qu’inconscient, par la pratique. Il faut une prise de conscience commune afin que l’on avance dans le même sens. »
Pierre Larvol ajoutant, en février dernier, que ce documentaire « pose la question d’une génération : celui de notre mode de consommation. A l’heure où l’achat responsable est vécu comme une manière de soutenir le développement durable, (il) enquête, justement ,sur ces grandes multinationales, qui promettent, à grand renfort de logos verts, un meilleur lendemain pour la planète. Désillusion au tournant, seul perdure dans le film une industrie parfaitement durable : celle du mensonge… »
En ce même mois de février, Jean-Louis Schmitt, pour« Over Blog », écrivait : « L’écologie est sans aucun doute la préoccupation la plus urgente de notre siècle. Le commerce équitable, le label bio, les produits sans conservateur … La nourriture que nous mangeons tous les jours et la manière dont nous la consommons devient un enjeu écologique capital. Sous ce prisme, les multinationales et les grandes marques font tout pour rassurer les consommateurs, qui ouvrent de plus en plus l’œil sur ce qu’ils consomment. Mais la réalité est parfois bien trompeuse car derrière les paquets verts et à l’apparence saine, se cachent des techniques de marketing infaillibles qui peuvent même tromper les plus avertis. »
De son côté, pour « Abus Ciné », Olivier Bachelard écrit : « Au travers d’un tour du monde menant à diverses rencontres avec des activistes comme des entreprises, le film aborde plusieurs questions d’actualité. Celle de la consommation subie (l’huile de palme) et de la validité des labels éco-responsables, comme celle de la pollution liée à l’exploitation pétrolière ou de matériaux, alors que les entreprises affichent leur politique pour le renouvelable ou les véhicules électriques. Ou encore celle des impacts sociaux de ceux qui ne recherchent que le profit, méprisant l’humain comme le bien commun. Au final ce sont les pensées de quelques savants, tel Noam Chomsky, qui frappent le plus et resteront peut-être en mémoire des plus attentifs, à l’image de ces quelques phrases : ‘le système actuel contrôle les gens, alors que c’est aux gens de contrôler le système’ ou encore ‘rejetons la propagande’. »
« ‘‘L’ Illusion Verte’ explore le monde de l’économie et de l’écologie. Ils expliquent, de manière totalement compréhensible, accessible et ludique, la méthode du greenwashing…, une méthode marketing qui vise, notamment par le biais des couleurs, à donner une image plus éco-responsable. Un documentaire… dont les thématiques sont importantes et essentielles. »
« Tout est mis en place pour déculpabiliser le consommateur », confiait Werner Boote, à Delphine Perez, pour « Le Parisien », ce dernier précisant :
« L’éco-blanchiment est un mensonge planétaire, organisé pour maintenir le profit de l’industrie en détruisant la terre. »
Evoquant une scène incroyable de ce documentaire, en relation avec les cacahuètes chocolatées multicolores « M & M’s », il poursuit: « Sommes-nous conscients que lorsque l’on croque un‘M & M’s’, le ‘Making Group’ , l’un des géants de l’huile de palme, en Indonésie, a, pour les produire, sciemment incendié des hectares entiers de forêt primaire, tuant des milliers d’animaux, tout en créant des fumées toxiques, qui intoxiquèrent plus de 100.000 autochtones, plantant à leur place des rangées de palmiers. »
Werner Boote ajoutait : « Après,ils collent des logos ‘huile de palme durable’, mais aucune huile de palme n’est ‘durable’… Les multinationales ont un discours, elles parlent tout le temps d’écologie, de production propre, et mettent des logos partout pour bluffer le consommateur. Mais en réalité, leur but reste de maximiser les profits et de continuer à employer les mêmes méthodes, détruire la nature, exploiter les ressources, provoquer des catastrophes naturelles qui vont faire des morts, rendre les hommes malades et les faire vivre dans la misère… Quand on voit les conséquences de l’explosion de la plateforme pétrolière ‘BP’, en Louisiane, c’est de la folie… »
« Le message du film voyage en nous, on le digère et on se surprend à modifier nos habitudes durablement. Je ne mangerai plus de pâte à tartiner bourrée d’huile de palme en regardant des documentaires animaliers… Et je n’aurai plus la flemme de jeter la bouteille en plastique dans la bonne poubelle, c’est vers ça que nous devons tous tendre. Il faut une conscience collective. »
« Tout est mis en place pour déculpabiliser le consommateur », expliquait le réalisateur de cette enquête édifiante, ce dernier précisant : « L’éco-blanchiment est un mensonge planétaire, organisé pour maintenir le profit de l’industrie en détruisant la terre. »
Yves Calbert.