A Liège et à Namur, un Classique du Cinéma : "Le Bon, la Brute et le Truand"
Avis à tous les amateurs de westerns, dans sa série des "Classiques du Cinéma", les « Grignoux » nous proposent, ce lundi 25 novembre (à 19h30, au
« Caméo », à Namur, et à 20h, au « Churchill », à Liège) de nous (re)plonger, durant trois heures, dans cet univers particulier, si bien dépeint par Sergio Leone, accompagné de la mythique bande son, due à Ennio Morricone, grâce à la projection, en version originale, sous titrée en français, du film « Le Bon, la Brute et Truand » (« Il Buono, il Brutto, il Cattivo »/Italie/1966/180 min./avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach).
Synopsis : « Pendant la Guerre de Sécession, trois hommes, préférant s’intéresser à leur profit personnel, se lancent à la recherche d’un coffre contenant 200;000 dollars, en pièces d’or, volés à l’armée sudiste. Les deux premiers hommes sont un chasseur de prime, Blondin, le « bon » (Clint Eastwood) et un voleur mexicain, Tuco, le « truand » (Eli Wallach). Chacun ayant certaines connaissances quant au lieu où se trouve ce coffre, ils doivent compléter leurs informations… Mais un troisième homme entre dans la course : Setenza, la « brute » (Lee Van Cleef), qui n’hésite pas à massacrer femmes et enfants pour parvenir à ses fins… »
Notons que lors de sa sortie en Belgique, ce long-métrage ne durait que 160 minutes (128 minutes au Royaume Uni, pour raison de censure), alors que, dans la présente version restaurée, vingt minutes ont été ajoutées, qui figuraient dans la version originale italienne. Ainsi, parmi les ajouts, on dénombre la découverte d’un camp de prisonniers, d’un fort, où sont réfugiés des soldats blessés, un travelling sur des corps mutilés au bord de la route, ainsi que la baignade de Tuco… Pour les cinéphiles belges, voici une bonne raison de découvrir le film intégral, tel qu’il a été réalisé par Sergio Leone.
Pour la petite histoire, pour ce film – tourné en Andalousie, dans le désert de Tabernas, avec l’approbation du régime franquiste et la participation, comme figurants, de plus de 1.500 soldats espagnols -, signalons qu’au départ, la production ne voulait pas que ce film dépasse les deux heures, ce que le réalisateur italien refusa énergiquement, arrivant, après une post production de huit mois, à une version originale italienne de… trois heures.
Comme « Les Grignoux » l’écrivent : Ce film – « première véritable intrusion d’une page refoulée de l’histoire des États-Unis, dans un film de Leone, … habité par ses rêves d’Amérique et de Cinéma, mais aussi par ses souvenirs du fascisme -, … oscille en permanence entre deux pôles : un pôle comique, hérité de la commedia dell’arte, introduit par les bouffonneries du truculent Tuco, et un pôle tragique, puisque les marionnettes de Leone s’agitent dans la tourmente de la guerre de Sécession.
« Le cinéaste poursuivra cette relecture transversale de l’Histoire en montrant les dessous honteux de l’édification d’un pays et les massacres de populations civiles de la Seconde Guerre mondiale, transposés lors de la Révolution mexicaine (« Il était une fois… la Révolution »/1971) ou la naissance des liens entre le gangstérisme et la politique (« Il était une fois en Amérique »/1984). »
De son côté, « AlloCiné » nous raporte le propos de Sergio Leone : « J’ai commencé ‘Le Bon, la Brute et le Truand’ comme les deux premiers (« Pour une Poignée de Dollars »/1964, ainsi que « Et pour quelques Dollars de plus »/1965, le film présent étant le dernier d’une trilogie, ndlr), mais cette fois avec trois hommes à la recherche d’un trésor. Ce qui m’intéressait dans le film était, d’une part, de démythifier les trois adjectifs et, d’autre part, de montrer l’absurdité de la guerre. Qu’est-ce que « bon », « brute » et « truand » signifient? Nous avons tous quelque chose de bon, de mauvais et de laid en nous. Certaines personnes paraîssent vraiment horribles mais quand on apprend à les connaître, on réalise qu’elles valent mieux que ça. Quant à la Guerre Civile que les personnages rencontrent sur leur chemin, pour moi, c’est une chose stupide et inutile. On y trouve pas de 'bonne cause'… Je montre un camp de concentration du Nord en pensant aux camps nazis avec leurs orchestres juifs. Tout ceci ne veut pas dire qu’il n’y a pas lieu de rire dans le film. Derrière ces aventures tragiques se cache un esprit picaresque. »
- Pour « Le Monde », Jean-françois Rauger écrit :
« Modèle d’intelligence, de virtuosité, d’humour et de violence baroque, ‘Le Bon, la Brute et le Truand’ vient clore magistralement la fameuse « trilogie des dollars ». Il est sans doute temps que l’on y reconnaisse un grand moment du cinéma moderne« , Yvonne Baby écrivant quant à elle : « Avec une réelle virtuosité technique et un sens de l’action, du rythme, Sergio Leone joue de la violence, de la démesure et il fait du western une étrange aventure tragi-comique. »
- Pour « aVoir-aLire.com », Edgar Hourrière et Marianne Spozio écrivent : « Leone a pulvérisé les codes du genre, avec son style à lui dont la grammaire baroque se décline à partir d’un attirail de règles immuables : plans-séquences étirés en longueur, immenses silences, utilisation du grand angle, zooms arrière et travellings à profusion, le tout soutenu par une musique lancinante, celle de son compère Ennio Morricone. C’est la révolution. »
Sergio Leone (1929-1989), fut le lauréat de deux « Prix David di Donatello », en 1972, « du meilleur Réalisateur », pour « Il était une Fois la Révolution », et, en 1984, le « David René Clair ». Entre autres, pour « Il était une Fois en Amérique », il remporta, en 1985, le "Prix du meilleur Film étranger" de la "Japan Academy" (l'équivalente japonaise des "Oscars", "César" et autres "Magritte") et, toujours, au "Pays du Solei levant", celui du "meilleur Film étranger du Kinema Junpō" (magazine cinématographique), ainsi que le « Ruban d’Argent du meilleur Réalisateur », octroyé par le « Syndicat national des Journalistes cinématographiques italiens », Enio Moricone se voyant octroyé le "Ruban d'Argent de la meilleure Bande originale", deux autres "Rubans jaunes" couronnant "les meilleurs Décors" (Simi Carlo) et "la meilleure Photographie" (Tonino Delli Colli). Aussi, au Royaume-Uni, ce film remporta deux Prix des "BAFTA" ("British Academy Film Awards", ceux "des meilleurs Costumes" (Gabriella Pescucci) et "de la meilleure bande originale" (Ennio Moricone).
Ce dernier, Ennio Moricone (°1928), obtint, également, en 2009, pour le « Le Bond, la Brute et le Truand », le « Grammy Hall of Fame Award », et, en 2014, pour l’ensemble de sa carrière, le « Grammy Trustees Award », des reconnaissances, accordées aux États-Unis, par la « National Academy of Recording Arts and Sciences ». En outre, il reçut deux « Oscars », en 2007, pour l’ensemble de sa carrière, et, en 2016, « de la meilleure Musique de
Film », pour « Les huit Salopards » (Quentin Tarantino/USA/2015/167 min.).
Quant à Clint Eastwood (°1930), voici un extrait des récompenses qui lui furent attribuées :
– 1988 : « Prix Vulcain de l’Artiste-Technicien » au « Festival de Cannes » (France)
– 1989, 1993, 2005 : trois « Golden Globe du meilleur Réalisateur » (Etats-Unis)
– 1993, 2005 : deux « Oscar du meilleur Film » et « du meilleur Réalisateur » (Etats-Unis)
– 1993,1996, 2004, 2006 : quatre « Prix Fotogramas de Plata du meilleur Film étranger » (Espagne)
– 1994,1996, 2005 : trois « Prix Kimena Junpo du meilleur Film étranger » (Japon)
– 1995, 2001, 2005 : trois « Prix Mainichi du meilleur film étranger » (Japon)
– 2006, 2007 : deux « Prix Kimena Junpo du meilleur Réalisateur étranger » (Japon)
– 1998, « César d’Honneur » (France)
– 2000, « Lion d’Or », pour l’ensemble de sa carrière, à la « Mostra de Venise ».(Italie)
– 2004, 2006, 2010 : trois « César du meilleur Film étranger » (France)
– 2005, 2009, 2011 : trois « Prix David di Donatello du meilleur Film étranger » (Italie)
– 2008 : « Prix spécial du 61e Festival de Cannes », pour l’ensemble de sa carrière (France)
– 2009 : « Palme d’Honneur », au « Festival de Cannes » (France)
Mais revenons à la programmation des « Grignoux », pour souligner que pour ces deux séances événementielles, une présentation sera assurée, à Liège, par Dick Tomasovic, du « Service Arts du Spectacle » de l’Université de Liège, et, à Namur, par un(e) animateur(trice) des « Grignoux », ce film étant programmé, lors de 5 séances ordinaires, entre le vendredi 29 novembre et le samedi 14 décembre, au « Chuchill », et les jeudi 28 et vendredi 29 novembre, au « Caméo ».
N’hésitons donc pas à découvrir la version originale de cette épopée pleine d’insolence, chef-d’œuvre du western-spaghetti.
Site web : http://www.grignoux.be.
Yves Calbert.