Cinéma : « Une Anglaise romantique » et deux Evénements, à Namur
Au « Caméo », à Namur, dans le cadre de son « Cycle Joesph Losey », les « Classiques du Mardi » du « Service Cinéma » de la Province de Namur, nous proposent « Une Anglaise romantique » (USA/1975/116′).
Synopsis : « Elizabeth est mariée à Lewis, un écrivain britannique à succès. Désireuse de rompre avec son quotidien de femme et de mère au foyer, Elizabeth s’octroie quelques jours de vacances en solitaire sur le Continent. Elle fait alors la connaissance de Thomas, un séduisant Allemand se disant poète, tirant, en réalité, sa subsistance d’activités plus ou moins licites. De retour en Angleterre, Elizabeth renoue avec sa vie conjugale et familiale. Mais celle-ci est bientôt bouleversée par l’apparition de Thomas, contraint par ses troubles affaires de chercher refuge de l’autre côté de la Manche… »
« Joseph Losey (1909-1984) s’est souvent passionné pour les rapports de classe et la tension sexuelle entre les êtres. Inspiré par le roman « L’ennui » de l’Italien Alberto Moravia (1907-1990), ‘Une Anglaise romantique’ est sans doute l’une des oeuvres les plus méconnues – et les plus exaltantes – de son auteur » (« Les Grignoux »)…
… Un auteur qui obtint, en 1971, pour « Le Messager » (« The Go-Between »/UK/1971/118’/avec Julie Christie), la « Palme d’Or », au « Festival de Cannes », un Festival qui lui avait déjà décerné, en 1967, son « Grand-Prix du Jury », pour « Accident » (UK/1967/105′), alors qu’il reçut deux « César », en 1977, ceux « du meilleur Film » et « du meilleur Réalisateur », pour « Monsieur Klein » (Fra./1973/ 123’/avec Jeanne Moreau et Alain Delon).
Dès le début du film, nous sommes en déplacement, suivant Elisabeth, dans le confortable compartiment d’un train, alors qu’apparaissent les cimes enneigées des Alpes suisses, avant de se retrouver dans la station thermale allemande de Baden-Baden, empruntant une calèche pour gagner son hôtel, s’offrant, ensuite une ballade pédestre dans les rues de la ville d’eau… De retour chez elle, au Royaume-Uni, la voici au volant de sa limousine, pour se rendre au supermarché, avant d’aller in Italie, puis de continuer son nomadisme vers le sud de la France…
Fugaces ou prolongés, domestiques ou géographiques, ces voyages, incessamment répétés, sont autant de révélateurs cinématographiques d’une quête d’essence intime. Sans doute même psychanalytique, ainsi qu’invite à l’envisager la tonalité discrètement surréaliste du film, dont l’imagerie évoque, parfois, celle de Luis Bunuel (1900-1983), l’ombre du surréalisme planant, aussi, sur le film, lorsque Joseph Losey prend soin d’inscrire à l’écran des reproductions de quelques-unes des toiles les plus fameuses de René Magritte(1888-1967)…
Evoquant la peinture, notons que cette fiction constitue une peinture ironique de la routine conjugale et du conformisme bourgeois, des scènes dévoilant les fantasmes de Lewis sont d’un kitsch redoutable. Pour Raphaëlle Pache (°1967), agrégée de lettres modernes, « Joseph Losey laisse planer l’ambiguïté sur les situations et les personnages, déstabilisant le spectateur pour ouvrir la réflexion sur une vérité existentielle et esthétique. »
Au domicile de l’héroïne, témoignant d’une même maîtrise de l’espace domestique que dans son son film « The Servant« (UK/1963/116’/avec Dirk Bogarde, lauréat du « Bafta du meilleur Acteur », en 1964), la réalisation de Joseph Losey dessine avec virtuosité les parcours réitérés d’Elizabeth entre le jardin, ceignant le cottage, et les hauteurs de celui-ci, abritant chambres et bureau, en passant par le séjour et la cuisine du rez-de-chaussée, n’oubliant pas l’attachement du cinéaste au miroir convexe, motif iconographique et cinématographique important, associé à l’introspection. métaphore du portrait, en peinture…
A noter que ce réalisateur américain, issu d’une famille aisée et très puritaine, reçut une éducation religieuse, qui ne manqua pas de fortement l’influencer. Elevé dans un isolement politique total, il reste inconscient des réalités sociales, jusqu’au moment où il se trouve confronté à la dépression de 1929. Engagé politiquement, ce cinéaste adère, bientôt, au Parti Communiste. En 1952, sommé de se présenter devant la « Commission d’Enquète de la Chambre des Représentants » de son pays, alors qu’il tourne en Italie, il choisit de s’exiler au Royaume-Uni…
Par ailleurs le mercredi 25 avril, au « Caféo », la brasserie du « Caméo », en collaboration avec la faculté de Philosophie et Lettres, de l’Université de Namur, nous pourrons nous interroger sur cette question « Avons-nous Besoin d’une Utopie ? », à l’occasion d’un « Café-Philo », avec Pierre Ansay, docteur en philosophie, Frédéric Claisse, sociologue, et membre du centre de recherche « Spiral », ainsi que Sébastien Laoureux, directeur du Département de Philosophie.
« Ready Player One » (Steven Spielberg/USA/2018/140′), « Bitter Flowers » (Olivier Meys/Fra.-Bel./2017/95′) et
« L’insoumis »(Gilles Perret/Fra/2018/95′), trois films très différents, programmés au « Caméo », qui nous amènent à nous confronter à la réalité virtuelle, à la conquête d’un monde meilleur et à la volonté de changer une société… Mais ces futurs sont-ils réalistes ou utopiques ? … Les utopies ne nous invitent-elles pas à agir pour changer les choses ? Doit-on – peut-on ? – se passer des utopies ou sont-elles nécessaires ?… Bien sûr, chacun pourra intervenir et débattre, à l’occasion d’un temps de « Questions-Réponses » !…
Enfin, le jeudi 26 avril, à 19h30, face au « Caméo », le magasin « Paysans-Artisans », nous invite au lancement de « Court toujours », un nouveau cycle d’expositions de photographies, avec comme premier thème « la Filière laitière », ces photos ayant été prises par Michel Fautsch et Philippe Lavandy…
Ensuite, à 20h30, au « Caféo », des capsules vidéo sur des producteurs en agriculture seront projetées en leur présence, histoire que nous puissions dialoguer avec eux… Ainsi, grâce à cette initiative des « Grignoux », entammée en 2017, nous pourrons mieux comprendre les joies et les difficultés liées à la production d’une alimentation de qualité, innovante et raréfiée…
Yves Calbert.