18ème "Festival du Cinéma Méditerranéen", du 30 Novembre au 07 Décembre
C’est avec un film choc, en compétition, « Carmen & Lola » (Arantxa Etchevarria/Esp./2018/103′), que s’ouvrira, en présence de la réalisatrice, le vendredi 30 nvembre, à 20h, au « Botanique », le 18ème « Med » (« Festival du Cinéma Méditerranéen »).
Synopsis : « Carmen vit dans une communauté gitane de la banlieue de Madrid. Comme toutes les femmes qu’elle a rencontrées dans la communauté, elle est destinée à reproduire un schéma qui se répète de génération en génération : se marier et élever autant d’enfants que possible, jusqu’au jour où elle rencontre Lola. Cette dernière, gitane également, aime les filles et rêve d’aller à l’université, fait des graffitis d’oiseaux. Carmen développe rapidement une complicité avec Lola et elles découvrent un monde qui, inévitablement, les conduit à être rejetées par leurs familles… »
Sélectionné pour la « Quinzaine des Réalisateurs », lors du dernier « Festival de Cannes », ce film a obtenu, en 2018, le « Prix du Jury » du « Festival international du Film de Femmes », à Salé, au Maroc, ainsi que la « Violette d’Or du meilleur Film », le « Prix du Public » et le « Prix de la meilleure Interprétation masculine », pour Moreno Borja, au « Festival du Film espagnol Cinespana », à Toulouse. Un film nécessaire et beau, animé par deux héroïnes , Zaira Morales (« Lola » ) et Rosy Rodriguez (« Carmen » ) qui dégagent une rare intensité.
« La réalisatrice nous emmène dans les marchés, les lieux de culte, les fêtes de famille, dans un monde à l’écart des modes de vie habituels, là où règnent des lois ancestrales et immuables imprégnées de religion et dont la principale caractéristique est de laisser tout pouvoir aux hommes. Les filles n’ont d’autres fonctions que de se marier et de faire beaucoup d’enfants. C’est ainsi que leurs mères les ont élevées pour qu’elles deviennent à leur tour des mères et des épouses parfaites. Beaucoup n’ont fréquenté que très peu les salles de classe et n’auront ainsi jamais la possibilité de trouver un travail en dehors de leur environnement car la communauté blanche n’engage pas de femmes gitanes » (« A Voir, à Lire » ).
« … au moment où ses héroïnes se libèrent, le récit s’épanouit. Portée par cet air de liberté aux couleurs chatoyantes qui semble laisser poindre la possibilité d’une révolution dans cet univers cadenassé, la mise en scène, bien qu’assez linéaire, s’anime de joie de vivre et de légèreté et , malgré des chemins détournés, nous convainc finalement du bien-fondé de cette œuvre émancipatrice » (« A Voir, à Lire » ).
Au journal « La Dépèche », Arantxa Etchevarria déclara, en octobre 2018 : « Quand j’ai dit à des producteurs que je voulais réaliser un film tourné uniquement avec des gitans et dont le thème serait l’histoire d’amour entre deux jeunes filles de la communauté gitane madrilène, tous m’ont regardé comme une extraterrestre en disant ‘non’… ‘Non’, parce que le saphisme est tabou particulièrement chez les gitans, société patriarcale et sexiste et non parce que tourner avec des non-professionnels gitans qui en plus accepteraient de jouer cette histoire, c’était impossible… Ce film est un miracle… »
A l’occasion du « Gala de Clôture », également au « Botanique », le vendredi 07 décembre, à 20h, nous pourrons découvrir « Tel Aviv on Fire » (Sameh Zoabi/Israël-Fra.-Lux.-Bel./2018/97’/lauréat du« Prix du meilleur Film » à l’ « Haifa Film Festival » et du « Prix du meilleur Acteur », à la « Mostra de Venise », pour Kais Nashef ).
Synopsis : « Salam est palestinien et stagiaire sur le tournage d’un feuilleton palestinien très populaire, ‘Tel Aviv on Fire’. Chaque jour, il traverse un check-point pour passer de Jérusalem à Ramallah, le lieu de tournage. Un jour, un malentendu au ‘check-point’ le force à se prétendre scénariste auprès du responsable. Grâce à leur rencontre, la carrière de Salam va décoller, mais il sera pris à son propre piège… »
« Pour son second long-métrage, après ‘Téléphone Arabe’ (Sameh Zoabi/Israël-Palestine-Fra.-Quater-Bel./2010/ 83’/lauréat de l’ ‘Antigone d’Or’ du
'Festival international du Cinéma méditerranéen', à Toulouse/ndlr ), le réalisateur n’a certes pas choisi la facilité en voulant traiter du conflit sur un mode comique. Et pourtant, le miracle se produit puisque le film est remarquable. Dans sa mise en scène déjà, qui joue habilement des codes du ‘soap-opera’, voire du film à suspense pour introduire ses personnages, n’hésitant pas à mélanger les genres lorsque le récit dévoile un peu plus son coeur au spectateur. Son scénario aussi, magistral, réglé comme une horloge, visiblement inspirée des comédies sociales italiennes des années 60 et qui laisse la part belle à des êtres incomplets, dirigés par leurs désirs respectifs et qui se servent de la situation géopolitique locale pour se rassurer, conquérir la femme qu’ils aiment, assouvir leurs pulsions » (« Ecran large »).
Outre le film proposé lors du Gala d’Ouverture, « Carmen & Lola », sept autres longs-métrages seront en compétition :
– « Fatwa » (Mahmoud Ben Mahmoud, lauréat du « Tanit d’Or », à Carthage/Tunisie-Bel./2018/102′) ;
– « Her Job » (Nikos Labôt/Grê.-Fra.-Ser./2018/89′) ;
– « Red Cow » (Tsivia Barkai Yacov/Israël/2018/91′) ;
– « Screwdriver » (Bassam Jarbawi/Palestine-USA-Quatar/2018/108′) ;
– « Sibel » (Guillaume Giovanetti & Çağla Zencirci/Tur.-Fra.-All.-Lux./2018/85′) ;
– « Smuggling Hendrix » (Marios Piperides/Chypre/2018/83′) ;
– « Sofia » (Meryem Benm’Barek/Maroc-Fra.-Quatar-Bel./80′).
En section « Panorama », 17 films nous aiderons à entrer pleinement dans la culture et la vie méditerranéenne. Parmi ceux-ci, notons « Pour vivre
heureux » (Salima Sarah Glamine & Dimitri Linder/Bel.-Lux./2018/88’/« Prix du Public des longs Métrages de Fiction », « Prix Cinevox » et « Prix de la Critique » du « FIFF » 2018, à Namur ).
Un « Focus Maroc » retiendra notre attention, avec une « carte blanche » offerte au « FIDADOC », le « Festival international du Film Documentaire » d’Agadir, qui nous présentera trois documentaires. Par ailleurs, outre « Sofia », présenté en compétition, et « Tazzeka » (Jean-Philippe Gaud/Maroc-Fra./ 2018/95′), en section « Panorama », deux autres documentaires sont proposés au dsein de la toujours très attendue section « MeDoc » : « Aji-Bi, les Femmes de l’Horloge » (Raja Saddiki/21015/66’/une réflexion sur la question du traitement, souvent humiliant, réservé aux Noirs au Maroc) et « Le grand ‘petit Miloudi’, une Echappée d’Antan » (Leila El Amine Demnati/2017/75’/« Mention spéciale du Jury », au « Festival International du Film Panafricain », à Cannes/l’aventure d’une génération de coureurs cyclistes, Espagnols, Français, Marocains, chrétiens, juifs ou musulmans. Une échappée poétique et humoristique).
Parmi les 18 films retenus pour cette section « MeDoc », dont les débats suivant de nombreuses projections connaissent toujours un grand succès, relevons le film « M » (Yolande Zauberman/2018/ce documentaire ayant reçu le « Bayard d’Or du meilleur Film », à Namur, et « Prix du Jury » du
« Festival international du Film », à Locarno/une révélation de l’authentique scandale méconnu de la pédophilie dans la communauté ultraorthodoxe de Tel-Aviv).
Si nous avons manqué une sortie en salles, la section « A voir ou à revoir » programme 4 longs-métrages, dont « A mon Age, je me cache encore pour fumer » (Rayana/Fra.-Alg./2018/90′), produit par Konstantinos (Costa) Gravas, qui, en décembre 2017, relmporta le « Grand Prix » du 17ème
« Cinémamed », octroyé par unjury officiel entièrement féminin, présidé par la productrice égyptienne Marianne Khoury, nièce du réalisateur Youssef Chahine (1926-2008), le « Prix de la Critique » lui étant décerné par l’ « Union de la Presse Cinématographique Belge » et l’ « Union de la Critique de Cinéma ».
En séance spéciale pour les Seniors, une comédie tout public, adapté d’une bande dessinée à succès, publiée par « Dargaud », de Paul Cauuet, aux dessins, et Wilfrid Lupano, au scénario: « Les vieux Fourneaux » (Christophe Duthuron/2017/87’/avec Eddy Mitchell et Pierre Richard ).
Soulignons que 20 films sont proposés dans une section intitulée « Jeunes et Med », une ode à la fureur de vivre que peut dégager la jeune génération, nous aidant à prendre conscience des réalités vécues par les jeunes dans les pays méditerranéens. Ainsi, relevons un documentaire sur la jeune génération en Syrie et des questions sur l’avenir des enfants, qui ont grandi dans la guerre : « Of Fathers and Sons » (Talal Derki/Syrie-Liban-All./2017/98′).
Avec sa section « Coups de Coeur du Court », les courts-métrages ne sont pas oubliés, avec six films de 10 à 29 minutes, en provenance de Chypre, Croatie, Egypte, France, Tunisie et Belgique.
Laissons à Fadila Laanan, Ministre-Présidente du Gouvernement francophone bruxellois, en charge de la Culture, le soin de nous présenter cet attachant Festival,en reprenant un extrait de l’édito publié dans le carnet-programme de cette 18ème édition du « Med » :
« En prise avec une actualité brûlante, la programmation met en exergue des films documentaires dont la thématique centrale s’intéresse aux droits de l’être humain, aux solidarités et aux questions migratoires, pour faire du festival une vaste arène de rencontres et d’échanges Nord-Sud, de réflexion critique et citoyenne. »
« Fidèle à ses engagements, le ‘Med’ se veut, aussi, un lieu de réflexion sur l’éducation à l’audiovisuel. Des ateliers d’éducation à l’image et de nombreux débats, organisés en partenariat avec des opérateurs culturels bruxellois sont au programme. »
« Le Festival est aussi le symbole de la culture pour tous, sans disrtinction d’âge, de genre, de culture, de milieu social. Pour ces raons le ‘Med’ continue à proposer des sécances scolaires gratuites, des séances associatives à tarif réduit en plus des projections classiques à prix démocratique, et à faire découvrir à un large public le cinéma méditerranéen moins connu. »
« Aujourd’hui, plus que jamais nous avons besoin de culture, de cinéma, de cet art caractérisé par une vitalité et une diversité qui nous permettent de construire des ponts entre les civilisations et les cultures. »
Pour la première fois des projections sont programmées au « Cinéma Palace », en plus des séances au« Cinéma Aventure » , au « Palais des Beaux-Arts » (« Bozar » ) et dans trois salles du « Botanique », centre névralgique du Festival, ce dernier lieu nous proposant, aussi, une petite restauration orientale, ainsi que différents concerts et soirées dansantes, animées par des « DJ ».
Prix des Places (sauf « Bozar » et « Galas ») : 6€ pour les fictions (5€ pour les – de 25 ans, à partir de 60 ans et demandeurs d’emploi/ »Article 27″ acceptés) / 4€ pour les documentaires, séances séniors et familles (tarif unique/sauf pour les « Articles 27 » également acceptés) / 10€ et 8€ à « Bozar » (8€ et 6€ en tarifs réduits) // Prix d’Entrées aux Galas d’Ouverture et de Clôturer, incluant leurs cocktails et soirées musicales : 10€ (tarif unique). Carnet-Programme : gracieusement offert. Site web : http://www.cinemamed.be.
Yves Calbert.