Qui sommes-nous ?

écrit par ReneDislaire
le 26/09/2017
La croix incrustee dans l'arbre, lieu de culte.

1.Témoin de tous les deuils
Jamais je n'ai été
Et ne serai jamais
Le bois d’aucun cercueil

2. Ni servi de bûcher
À quelconque souillon
Au trop léger jupon
Que Jésus soit loué

3. J’ai offert un plafond
Un havre clandestin
Entre soir et matin
À de taiseux nutons

4. Jamais je ne fus ceint
Au bas de mon houppier
D’un licou de gibet
Pour un vil paroissien

5. Quand tout combat se fit
Chaque camp de soldats
Se signa bien des fois
Devant mon crucifix

6. Les Français renégats
Germains américains
Espagnols autrichiens
Ici reprenaient foi

7. Quand tombaient des éclairs
Refuge était promis
Temps sec c’est non occis
Qu’ils s’en allaient tout fiers

8. Signal perçu de loin
Quand un lit de flocons
Couvrait tout le canton
Je montrais le chemin

9. Étions nombreux antan
Isolé mon voisin
Cetturu Saint-Martin
Les emporta le vent

10. Je vous conjure alors
De mon tour le lot vient
Nous sommes précieux biens
Jetez-nous un bon sort

René Dislaire © Houffalize, le 26 septembre 2017

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Commentaire sur l’écriture
Le hêtre est décrit dans la plénitude de sa virilité.
Il s’agit d’une ballade au sens poétique en dix quatrains de six pieds.
Dans chaque quatrain, les rimes sont embrassées (structure ABBA).
La virilité du héros est signifiée dans la forme par des rimes exclusivement masculines (jamais un « e » ni prononcé ni muet)
et et du fait qu’absolument tous les mots du poème (soixante ?) sont masculins. Oui, souillon peut être masculin. "Ce petit souillon de Mathilde..."
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Le thème
Dans ce poème le vieux « hêtre béni » (li Bènie Hesse) entre Bonnerue et Velleureux évoque son histoire plus que quadricentenaire.
S’y arrêtaient jadis les cortèges funèbres pour un repos de prières.
Il rend grâce de n’avoir jamais été débité pour faire un bûcher aux suppliciés, d’avoir offert le gîte d’une nuit aux nutons nombreux dans la région, de n’avoir jamais servi de gibet,
d’avoir prêté abri par temps d’orage sans que la foudre ne carbonise un protégé, d’avoir offert le secours de son crucifix aux soldats de tous camps, d’avoir servi de repère aux habitants perdus dans la neige l’hiver, d’avoir survécu à son voisin le hêtre isolé de Randoux et à eux de Cetturu (Houffalize) et adresse enfin un appel pour la protection de la nature dont il est le fier symbole.
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Circonstances
Ce texte a été écrit en soutien au Béni Hêtre (li Bènie Hesse) de Bonnerue lors du concours du plus bel arbre de Wallonie (clôture des votes le 11 octobre 2017 à 10 heures via www.arbredelannee.be
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René Dislaire

"Liens, du même auteur, même objet"
* 2017 Li Bènie Hesse (hêtre béni) – La peste et le choléra - Sonnet
* 2017 La ballade du hêtre béni de Bonnerue (poème)
* L’arbre « Li Bènie Hesse », la Conchita Wurst houffaloise 2017
* Houffalize - Le hêtre isolé (li crawée hesse) 2017

Liens vers quelques-uns de mes plus beaux poèmes (classiques)
* 2017 Houffalize – Le rocher Kerger
* 2017 Lippogramme : Bangui la coquète (Centrafrique)
* 2017 Houffalize – La complainte du Bois des Moines
* 2017 Complainte de la veuve d’un kamikaze
* 2017 La ballade du hêtre béni de Bonnerue
* 2016 Mon père et sa musique [+1970 (Harmonie de Houffalize)]
* 2016 Sonnet sur Houffalize. Vagabondage en incohérence
* 2016 Houffalize - Sonnet pour la Toussaint (2016)
* 2016 Grand-père et l'ultime tic tac

  • La croix incrustee dans l'arbre, lieu de culte.
  • Le Hetre Beni, la Benie Hesse
  • Les 3x20 de Houffalize en station devant le hetre, en 2007.
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