Echos du 17ème “Festival du Cinéma méditerranéen”
D’année en année, le succès du “Festival du Cinéma Méditerranéen” (le “Med”) ne se dément pas, les salles étant généralement combles, ce Cinéma étant intense et contrasté, avec des documentaires, suivis d’intéressantes rencontres, et des fictions, parfois amusantes, la soixantaine de films présentés, en cette 17ème édition, mettant en évidence la diversité des 21 pays représentés.
Ce Cinéma méditerranén n’ayant jamais été aussi riche et vivant, probablement parce que les films proposés s’inspirent de ce qui se passe en Méditerranée, éclairant le spectateur de manière juste et vivante, avec, cette année, un Festival se conjuguant au féminin, avec des portraits colorés et métissés des femmes méditerranéennes auxquelles viennent s’ajouter ceux réalisés par des femmes cinéastes.
Soulignons que neuf avant-premières sont programmées :
“ABRACADABRA” (Pablo Berger/Esp./96’)
“LA BELLE ET LA MEUTE” (Kaouther Ben Hania/Tunisie/100’)
“A CIAMBRA” (Jonas Carpignano/Ita./118’)
“DJAM” (Tony Gatlif/Fra./97’)
“RESTER VIVANTS” (Pauline Beugnies/Bel./110’)
“CASABLANCA CALLING” (Rosa Rogers/USA/70’)
“LES BIENHEUREUX” (Sofia Djama/Algérie/104’)
“LA PART SAUVAGE” (Guérin Van De Vorst/Bel./80’)
“WHEN THE DAY HAD NO NAME” (Teona Strugar Mitevska/Macédonie/84’)
Rappelons que ce 17ème Festival, ayant pour thème “Les Voix de Femmes”, que ces dernières en soient le sujet ou l’auteure, nous propose de nombreux films qui font entendre ces “Voix des Femmes” rappellant leurs combats passés et à venir, voulant dévoiler la lumière et l’espoir qu’elles portent pour le futur, notamment en Méditerranée. Bien avant que l’actualité ne vienne nous rappeler ces combats, le “Med” souhaitant attirer l’attention, éveiller les consciences, nous faisant remarquer qu’elles sont de plus en plus nombreuses à s’exprimer, à oser prendre la parole, à faire tomber les barrières et à déconstruire les stéréotypes.
En compétition internationale, neuf films concourent pour le Grand Prix, le Prix du Jury Jeune, le Prix Cineuropa, le Prix de la Critique et le Prix du Public.
… Et parmi les 23 pays présents, au total des différentes catégories, citons les films d’un pays en recherche de reconnaissance, la Palestine, le “Festival du Cinéma Méditerranéen” ayant permit, cette année, l’organisation du 1er “Festival du Cinéma de Palestine”, du 21 au 24 novembre, au “Caméo”, à Namur.
Déjà programmé dans la capitale walllone, ce vendredi 08 décembre, à 19h30, nous pourrons assister, dans la capitale fédérale et européenne, au “Cinéma Aventure”, à la projection d’une fiction réalisée par une femme, Annemarie Jacir, “Wajib” (Palestine/2017/96′).
Synopsis : « Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du ‘Wajib’. Tandis qu’ils enchainent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie… »
Remarqué aux « Festivals de Locarno » et « de Toronto », ce road-movie, fin et subtil, nous révèle, dans un pays marqué par la violence, une étonnante douceur palestinienne.
Film de clôture, à Namur, le documentaire« Waiting for Giraffes », du cinéaste italien Marco De Stefanis (P.B.-Bel./2016/84′) était à l’affiche du “Med” ce dernier dimanche 03, au “Botanique”.
Synopsis : « Le docteur Sami est vétérinaire au ‘Zoo de Qalqilya’, dans l’ouest de la Cisjordanie, près de la frontière avec Israël. Dans ce zoo implanté dans les zones occupées, il est difficile de travailler. Au cours de la dernière Intifada, les girafes sont mortes et les remplacer est tout un défi… »
À travers l’histoire de ce vétérinaire, et son combat pour cette reconnaissance internationale, c’est un autre regard qui est porté, ici, sur le conflit israélo-palestinien. Ainsi, le manque d’espace de ce jardin zoologique, sis en territoireoccupé, et la pénurie d’animaux rendent compte de la complexité d’un conflit qui dépasse de loin les enclos du zoo… Toutefois, « Waiting for Giraffes » se veut d’être un message d’espoir… Et si les girafes étaient un premier pas vers une réconciliation entre les peuples ? …
Si la Paletine est donc bien présente au “Med”, Israël et la Syrie le sont également. Ainsi, concernant ce dernier pays, notons, ce vendredi 08, à 18h, au “Botanique”, la reprise du film “Insyriated” (“Une Famille syrienne”/ Philippe Van Leeuw/Bel.-Fra./2016/86′), un long-métrage belge militant, s’intéressant au combat quotidien des civils dans un pays en guerre, qui reçut, en 2017, trois “Valois” au “Festival du Film francophone d’Angoulême” (de la meilleure actrice, pour Hiam Abbass, de la mise en scène et du public) … Un “Prix du Public” qui lui fut, également, octroyé à la “Berlinale”, qui lui décerna, aussi, le “Label Europa Cinéma”.
Synopsis : “Dans la Syrie, en guerre, d’innombrables familles sont restées piégées par les bombardements. Parmi elles, une mère et ses enfants tiennent bon, cachés dans leur appartement. Courageusement, ils s’organisent au jour le jour pour continuer à vivre malgré les pénuries et le danger, et par solidarité, recueillent un couple de voisins et son nouveau-né. Tiraillés entre fuir et rester, ils font chaque jour face, en gardant espoir…”
Ce dernier dimanche 03, le public était nombreux pour assister à la projection d’une ode déchirante au courage des “casques blancs” confrontés à l’humanité qui se meurt, “Les derniers Hommes d’Alep” (Feras Fayyad/Syrie-Dan./ 2017/104′), ayant reçu, cette année, le “Grand Prix du Jury” (en catégorie “documentaires étrangers”) au “Festival du Film de Sundance”, un reportage de guerre à la limite du soutenable, où nous voyons ces membres de la défense civile syrienne (étudiants, ouvriers, …) oeuvrer – lors du siège d’Alep, en 2016 – au milieu des bombardements d’avions russes, … retrouvant tantôt des bébés décédés, un garçonnet au cuir chevelu ouvert (mais, heureusement, bien vivant), voire une “jambe de femme”, un “pied d’homme”, …, selon les termes crus utilisés par ces volontaires civils…
Ce long-métrage, réalisé par des cinéastes risquant leurs vies, consitue un témoignage d’une bien triste réalité, … dont nous ne sommes pas assez conscients dans nos pays pacifiés, … un document, particulièrement dur, à déconseiller aux personnes sensibles et aux plus jeunes, illustrant à la perfection la guerre en Syrie, ces courageux “casques blancs” jouant, entre eux et entre deux bombardements, au football, ou, simplement, avec leurs enfants…
Ce vendredi 08, à 09h45, au “Botanique”, pour ceux qui n’auraient encore pu le voir, une autre reprise importante, celle d’un film dû à une réalisatrice “Le Ciel attendra” (Marie-Castille Mention-Schaar/Fra./2015/100’/avec Naomi Amarger, Sandrine Bonaire et Noémie Merlant), une fiction proche d’une triste réalité, un long-métrage essentiel, juste et lumineux, combattant les préjugés.
Synopsis : “Sonia, 17 ans, a failli commettre l’irréparable pour ‘garantir’ à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d’un ‘prince’ sur internet. Elles pourraient s’appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles, croiser un jour la route de l’embrigadement… Pourraient-elles en revenir ? …”
Pour “La Croix”, Arnaud Schwartz écrit : “Marie-Castille Mention-Schaar signe un film saisissant qui montre de manière concrète comment fonctionnent les stratégies d’embrigadement et le difficile chemin de la ‘déradicalisation’ “. Quant au “Figaro”, sous la plume d’Etienne Sorin : “Déradicalisation, désembrigadement…, ‘Le Ciel attendra’ montre ce que recouvrent ces grands mots, les drames intimes, les souffrances de ces familles livrées à elles-mêmes, à leur désarroi, à leur impuissance.” Quant à Aude Jouanne, elle écrit, dans “Les Fiches du Cinéma” : “Un film d’actualité, aussi perturbant que nécessaire, qui combat les préjugés pour mieux comprendre.” Pour “Voici”, ce qu’en pense Lola Sciamma : “Edifiant et terrifiant”. Nathalie Simon, pour sa part, écrit, pour “Figaroscope” : “Un film essentiel, terrifiant de réalisme, qui devrait être montré dans toutes les écoles.” Dans “Studio Ciné Live”, enfin, Sophie Benamon nous confie : “ ‘Le Ciel attendra’ est de ces films dont on ressort avec la boule au ventre, avec l’imrpession que le cinéma peut servir à quelque chose.” … Assurément ! …
Salle comble et débat passionné pour un autre film de femme, “Casablanca Calling” (Rosa Rogers/USA/2014/70′), ce dernier dimanche 03, au “Botanique”, à la rencontre de trois “Morchidates”, Karima, Hannane et Bouchra, que la réalisatrice a suivi pendant plusieurs mois, dans leur travail au quotidien, destiné à combattre l’extrémisme religieux et les préjugés culturels défavorables aux femmes, dans le but de construire une société plus respectueuse et égalitaire…
Depuis 2006, sur la volonté du Roi du Maroc, elles sont environ 300 “femmes imams” à arpenter les écoles, les mosquées et les campagnes afin de fournir une assistance spirituelle et sociale basée sur les préceptes de l’Islam… Un documentaire où l’on évoque, entre autres, les cas de jeunes-filles de 14 ans devant se marier à des jeunes gens choisis par leurs parents, ou le fait que ceux-ci ne souhaitent pas que leurs filles reçoivent une instruction scolaire…
… Que de sujets brûlants nous sont, ainsi, proposés, jusqu’à ce vendredi 08, à nous qui nous intéressons à ce séduisant cinéma méditerranéen, dont certains films, fort malheureusement, n’auront pas la chance de sortir en salles, … ou pour quelques séances seulement…
Prix par Séance : “Botanique” & “Cinéma Aventure” : fictions : 5€ (4€ pour les – de 25 ans, les + de 60 ans & les demandeurs d’emploi / 1€25 pour les “Article 27” ) & documentaires : 3€ (tarif unique, sauf “Article 27”: 1€25). “Bozar” : 8 & 10€ (6 & 8€, en tarif réduit). Prixd’Accès au Gala de Clôture, incluant la réception et la soirée musicale : 10€ (tarif unique pour tous). Site web : www.cinemamed.be.
Yves Calbert.