Souvenirs de 1955 Les sports d’hiver sont - ils viables en Belgique ?

écrit par francois.detry
le 21/03/2016
Mont des Brumes  Francorchamps

Les quelques timides chutes de neige de ces derniers jours ont ramené dans l’esprit des amateurs de sports d’hiver, les éternelles appréhensions au sujet de la persistance et de l’état de l’enneigement de nos pistes. Le renouveau touristique des cantons, la naissance de nombreux syndicats d’initiative et la traditionnelle inclémence du climat produisirent l’éclosion d’une saison d’hiver et de nombreuses pistes de ski. Robertville, Ovifat, Elsenborn, Manderfeld, Bullange, St Vith, Malmedy et Francorchamps furent ainsi gratifiés de ski-clubs très actifs qui se dépensèrent sans compter pour l’amélioration des pentes et l’organisation de concours et courses. Des remonte-pente mécaniques furent installés, notamment à Ovifat et Francorchamps, tandis que Manderfeld organisait un service de jeeps remorquant les skieurs.Ces installations nécessitent des frais assez importants et un matériel considérable qui ne peut être exposé qu’à coup sûr. Aussi de nombreuses stations – bien que bénéficiant d’un enneigement suffisant et de pentes adéquates - ne consentent-elles pas à une dépense aussi conséquente pour un résultat malgré tout très aléatoire. La triste expérience du Ski Club d’Elsenborn, célèbre avant-guerre, arrête souvent les audacieux qui voudraient voir réaliser dans nos régions des stations vraiment dignes de ce nom. A cette époque, en effet, sous l’énergique impulsion du tenancier M. Cleven de l’Hôtel Borgs au Camp, le Syndicat d’initiative avait consenti des investissements considérables pour promouvoir la pratique des sports d’hiver. Tout en ne disposant d’aucune piste vraiment digne de ce nom, Elsenborn avait su se hisser au premier rang, par une série d’initiatives hardies dont les principales sont le recrutement d’un professeur de ski venu directement de Suisse, l’organisation de concours, la location de skis et une propagande intensive. Ces efforts ne furent pas toujours récompensés et plus d’une manifestation dut être décommandée en raison du mauvais état, voire de la disparition complète de la neige. On comprend aisément ls réticences des organisateurs devant pareil aléa, pouvant réduire à néant les espoirs que permet la situation de certaines de nos pistes dont quelques-unes – comme celle d’Ovifat plus particulièrement – sont aisément accessibles en autocar. Le climat essentiellement variable dont nous sommes gratifiés est, sans contredit, le principal obstacle au développement satisfaisant d’une station d’hiver. Il en est d’autres, moins importants peut-être, et surmontables sans grandes difficultés. Plutôt qu’une sèche énumération négative, il est préférable de rechercher quelles doivent être, à notre sens, les principales caractéristiques des stations belges de ski. Les faibles dénivellations de nos régions, le boisement de toutes les pentes adéquates ne permettent pas l’établissement de pistes comparables à celles des autres pays, tandis que le niveau des skieurs, relativement faible pour tous ceux qui n’ont pas pu s’offrir un écolage en Suisse ou en Autriche, exclut, à priori, les pistes trop difficiles. Le célèbre « Mont des Brumes » à Francorchamps, par exemple, une des plus belles pistes de chez nous, n’est accessible qu’aux seuls skieurs avertis et son peu de largeur le rend dangereux aux jours d’affluence en raison de son invraisemblable encombrement. Les stations belges devraient donc surtout tendre à établir des pistes faciles, à l’usage des débutants et des skieurs moyens et s’assurer le concours de moniteurs, pas nécessairement étrangers, mais disposant d’une formation pédagogique et sportive suffisante pour enseigner les premiers pas. Un autre point particulièrement important est l’accessibilité des emplacements. Il n’arrive que bien rarement qu’ils soient aménagés à proximité des agglomérations et il serait utile de prévoir un service de transport ou de remorquage dispensant les skieurs de passer le plus clair de leur courte journée d’hiver à se rendre à la piste et à en revenir. Enfin, soulignons la nécessité absolue pour les stations comme Ovifat et Elsenborn, entre autres, de posséder un service de location de skis. Ces deux villages sont, en effet, desservis par un service d’autobus rapide au départ de Verviers, et qui permet à de nombreux aspirants skieurs de se déplacer facilement. Beaucoup d’amateurs verviétois notamment, répugnent à l’achat d’une paire de ski en raison du peu d’occasions qui leur sont offertes de pratiquer leur sport favori. Il est regrettable que les syndicats d’initiative n’aient pas jugé utile de profiter des stocks de récupération mis en vente ces dernières années à des prix ridiculement bas pour remplacer le matériel détruit par la guerre. Nous sommes, en effet, persuadés qu’une adroite publicité, basée sur cet atout, donnerait des résultats inespérés pour autant que l’enneigement soit suffisant. Dans un prochain article, nous envisagerons rapidement les projets des diverses stations organisées et principalement la récente initiative du Commissariat général au Tourisme qui, par la bouche de son inspecteur verviétois M. Mawet, a proposé la création d’une station moderne de sports d’hiver soit à Ovifat, soit à Manderfeld.
Signé : AJA
( Une enquête des « Nouvelles de Malmedy » du 15 janvier 1955 / Archives de feu Monsieur Maurice Bragard, Président Honoraire de « La Royale Malmédienne )

© François DETRY
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