« An 14 Tout commence à Thimister »
En ce matin du 4 août 1914, l’entrevue entre les représentants belge et allemand à Henri-Chapelle n’ayant pas abouti, ( Il y a cent ans déjà à Henri-Chapelle ) les troupes teutonnes envahissent notre territoire. Sur la « Chaussée » à Thimister, le cavalier Antoine Fonck est abattu ainsi qu’un habitant de la localité : il s’agit ainsi du premier soldat et du premier civil victimes de la « Grande guerre ». ( La mémoire du cavalier Fonck ). Allaient suivre 52 mois d'occupation. 52 mois de privations, d'inquiétudes, de menaces, mais aussi de résistance, de courage, d'ironie envers l'envahisseur... La première vague des envahisseurs prussiens s’installe au village, et la vie quotidienne s’assombrit. On parle de représailles et de réquisitions. Et si on lit sous le manteau les titres de la presse clandestine, les fouilles corporelles sont fréquentes. Voici donc planté le décor de la remarquable reconstitution qui a animé ce week-end le centre de Thimister, à la faveur d’un spectacle en forme de promenade aussi vrai que nature, pour provoquer volontairement une immersion dans les heures sombres de cette période. Sous le titre « An 14, à Thimister, tout commence ! », cette fresque était nourrie du talent d’une série de comédiens amateurs et professionnels, restituant des scènes de la vie sous l’occupation.
Ce spectacle en situations, dans lequel même les commères baissent le ton par crainte des représailles, plonge le visiteur dans la réalité des turbulences de la première guerre mondiale et part à la rencontre des habitants de jadis, contrariés par une occupation féroce et impitoyable. Mis en œuvre par le centre culturel Le Réverbère et l’administration communale, le spectacle présenté aux groupes limités à trente personnes environ que la promenade s’insinue ainsi entre cours et habitations, pour vivre intensément un scénario partagé en plusieurs séquences.
En entrant au village, on reçoit son Ausweis, indispensable Sésame sans lequel toute circulation est interdite. Ici, sur le parvis, le curé parle des incendies de maisons et de fermes. Plus loin, comme pour mieux conjurer les risques, on chante « la Madelon » devant le café du Centre. A la Maison communale, siège de la Kommandatur, un habitant qui circule à vélo malgré l’interdiction se voit confisquer le beurre qu’il transportait. Dans une cour, on négocie le prix de ce même beurre ou on chuchote avec le passeur qui donne rendez-vous du côté de Val Dieu pour fuir la déportation en franchissant la clôture électrifiée dans les bois de Rémersdael. On écoute les pleurs d’une épouse infidèle que l’éloignement de son mari a portée par nécessité dans les bras d’un Allemand, ou encore les commentaires évoquant l’héroïsme du jeune cavalier Antoine Fonck, premier soldat tombé ici pour la Patrie. Et entre deux patrouilles de soldats armés jusqu’aux dents, on se regroupe pour la dégustation de la soupe aux choux des Américains en accueillant un éclopé blessé par un schrapnel. Entre cours et intérieurs, espaces publics et salle communale, cette fresque a attiré la grande foule. Elle valait vraiment le détour pour sa force persuasive et sa crédibilité historique.
Pendant les trois mois d’été, «Autour du Cavalier Fonck» mettra Thimister au cœur des rendez-vous culturels des commémorations du centenaire de 14-18:
C’est la grande exposition «Autour du Cavalier Fonck» qui développera sur 430 m2 une série de 11 plateaux afin de montrer la vie de tous les jours durant les 4 années de guerre. Si les aspects politiques et militaires seront largement illustrés, entre autre grâce à un film de reconstitution d’une demi-heure, tout l’aspect convivial de la vie entre 1900 et 1918 sera abondamment illustré, l’objectif des concepteurs de l’expo étant « que les habitants du Plateau retrouvent leurs origines et puissent (re) découvrir la vie de leurs familles il y a un siècle ».
D’où ces 11 plateaux successifs et variés qui montreront d’abord les grandes inventions et la vie quotidienne de l’avant-guerre, dès 1880, avant de s’attarder aux prémices de la guerre puis à la vie des soldats et à celle des civils. Des espaces de découvertes dont un sera particulièrement ciblé puisqu’intitulé: « Qui a tué le cavalier Fonck? ». De quoi autoriser le public à se faire une idée grâce aux différents documents présentés. Un plateau mettra également en exergue le 2e régiment des Lanciers, celui d’Antoine Fonck, hommage à ceux qui ne sont jamais revenus des combats à la clé. On en passe… Et ce qui ne gâte rien, « beaucoup d’anecdotes égaieront l’exposition »
+ Plus d'infos : 087/46.84.78
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