La Belgique et la dette du Congo
Le Congo émergent en 2025 …
Géographiquement proche de Kinshasa en ce mois d’octobre 2012, nous avons été exposé à de nombreuses émissions de télévision programmées par les uns et les autres pays francophones de l’Afrique de l’Ouest, à l’occasion du sommet de la Francophonie dans la capitale que les Belges s’étaient accaparés jusqu’à la baptiser Léopoldville.
Nous avons déjà pu écrire combien le Belgique est toujours, d’une manière positive, dans la mémoire des Congolais.
Voici une idée relevée parmi d’autres : la vision d’un Congo deus ex machina qui pourrait sauver les Belges de la catastrophe des finances publiques tant appréhendée, appelée « le trou des pensions ».
Des spots passent régulièrement à la télévision congolaise, une propagande d’état ma foi convaincante et de bon aloi dans cette région du monde dont le taux de croissance oscille autour des 8 %, qui se terminent par ce slogan mobilisateur: la République Démocratique du Congo, pays émergent en 2025.
Le Congo, Brésil de l’Afrique
Nous avons pu entendre le discours d’un leader de l’opposition renchérir sur cette perspective qui n’a rien d’irréaliste : sous peu, la RDC sera le Brésil de l’Afrique. La situation géographique stratégique du Congo, sa taille, ses richesses humaines, ses gisements et potentialités de mieux en mieux exploités : bien des éléments concourent à rendre ce scénario plausible, et ces propos crédibles. Et d’ajouter bien sûr que tous les pays avoisinants, toute l’Afrique que nous avons, par un euphémisme(?) d’un anachronisme significatif, baptisée « subsaharienne », bénéficieront de cette progression économique du Congo.
Pourquoi Reynders est passé des Finances aux Affaires étrangères…
Imprévue fut la conclusion de cette personnalité qui n’avait rien d’un facétieux : « dans 10 ans, nous pourrions être en mesure de prêter de l’argent à la Belgique ». Sic, et uniquement à la Belgique. Et l’homme ne s’adressait pas à une chaîne belge.
Il n’a pas poussé le bouchon jusqu’à dire : « nous leur devons bien ça».
Un « ça » qui nous rendrait le Congo.
On pense encore à toi, oh Bwana !
Lomé, le 6 novembre 2012
René Dislaire
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Congo, Belges et francophonie
Note sur l'illustration
"Le discours de souveraineté du Congo et des Congolais du 30 juin 1960 (peinture de Tshibumba, 1972)"
Le Premier ministre Patrice Lumumba parle à ses compatriotes congolais ainsi qu'au monde entier des méfaits du colonialisme au Congo. Les relations belgo-congolaises en seront, c'est le moins qu'on puisse dire, affectées.
L'artiste Tshibumba a exprimé chez le roi Baudouin à l'arrière-plan une attitude plutôt humble et un sourire forcé.
Le discours de Lumumba, non prévu dans le protocole, qui déchaîna l'ire et l'indignation de toute l'Europe, est une pièce majeure de l'histoire de la décolonisation en Afrique.
Le roi Baudoin quant à lui avait, un peu naïvement peut-on dire avec le recul, glorifié le génie de Léopold II, et conclu: "que Dieu protège le Congo".
Patrice Lumumba fut assassiné peu après. Dans bien des villes d'Afrique, y compris dans le Maghreb, une rue porte son nom.