QUAND LE SEMINAIRE DE BASTOGNE ETAIT UNE ECOLE MENAGERE

écrit par ReneDislaire
le 05/02/2010
En tenue de travail (vers 1960)

On peut dire que depuis 1628 souffle l’esprit à l’altitude de 515 mètres du site du séminaire de Bastogne.
Le couvent de Bethléem quant à lui, devenu une annexe du Séminaire, abrita une école ménagère de jeunes filles. Le musée en Piconrue coïncide grosso modo avec son espace.
Cette école ouvrit ses portes en 1939 et les ferma définitivement en 1981.
Elle était tenue par les Sœurs des pauvres de St-François.
Nous comptions y consacrer un petit article.
Mais de fil en aiguille, comme dit la comptine…

PREMIERE PARTIE

LES ANNEES CINQUANTE
Le séminaire de Bastogne dégorgeait, bon an mal an, une vingtaine de futurs prêtres et le quart des Luxembourgeois inscrits à l’Université Catholique de Louvain.
Outre le boniment que les curés de campagne inscrivaient chaque jour à leur journal, la gazette provinciale et épiscopale la plus injonctive du monde se pavait aux beaux jours de la publicité, à n’en pas douter gratuite, suivante :
« Faites de votre fils un prêtre, un médecin, un avocat, ou peut-être un professeur. Inscrivez-le au Séminaire de Bastogne. Il bénéficiera d’un air pur et d’une nourriture saine et abondante ».

Dans le même périmètre, cultivant l’humilité moins par vertu que par devoir à proximité de futurs grands de ce monde, invisibles grâce à un camouflage de façon que telles des lionnes cherchant à dévorer l’intégrité morale d’ingénus éphèbes elles ne rodassent point dans leurs inqualifiables fantasmes nocturnes, il y avait une trentaine de jeunes filles.

C’était l’école ménagère du Séminaire.

L’appétit qu’elles nous rassasiaient, nous eûmes préféré que ce fût par d’autres charmes que celui du chou rouge plus souvent qu’à son tour au menu servi par des philosophes compromis entre le bien, nous, et le mal, elles.
A défaut de pouvoir échanger la jouissance perverse d’un regard, tenus sans cesse à distance afin que l’air pur garanti dans la Gazette ne se polluât pas de leurs innocentes effluves juvéniles, privés même de toute vue sur leur linge qu’elles devaient quand même bien pendre à sécher quelque part, nunuches autant qu’elles à moins qu’elles le fussent autant que nous, on se gaussait.
Se gausser comme antidote.

NE PAS LEUR PARLER, MAIS PARLER D’ELLES
On ne pouvait pas leur parler ? Mais on pouvait parler d’elles. Comme on pouvait. Ou qu’on ne pouvait pas.
Puisqu'elles étaient pour la plupart germanophones, ce sont nos troupiers luxembourgeois agrégés qui leur avaient conçu un surnom Spitzenklasse.
Celui-ci ne pouvait être affectueux.
Un médecin en devenir eût failli à son inéluctable serment d’Hippocrate en confondant affection pour une fille, et affection d’une fille, soit un dysfonctionnement maladif parfois lié à la puberté des demoiselles.
L’organe vocal d’un futur prêtre ne pouvait émettre de la tendresse à l’égard d’une descendante d’Eve, une incarnation du péché.
Pas péjoratif non plus, ce surnom. Sûrement pas. D’ailleurs, impuissance et nécessité nous guident souvent vers la vertu.
Si les Luxos avaient connu la zwanze marollienne, ils les auraient appelées « regarde après moi, seulement, une fois ! ».
Il est des êtres qu’on ne peut nommer qu’en sortant du concret. Souvenez-vous qu’on n’a jamais entendu dire un poète « oreille de souris » à propos d’un myosotis.
Le myosotis est surtout surnommé par des phrases poétiques amoureuses : « souvenez-vous-de-moi, aimez-moi, pensez à moi » et le plus souvent : « ne m'oubliez pas, Vergiss mich nicht ».

Pas besoin d’être disciple de Freud ni gavé de poésie pour comprendre que quel que soit le nom que nous leur prêtassions, il ne pouvait que dissimuler notre réponse à leur inavouable provocation magnétique.

« Regarde-moi » : facile à dire, Mesdemoiselles ! Les Adonis que nous étions n’auraient pas demandé mieux, mais…

(A SUIVRE)

René Dislaire

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Quand le séminaire de Bastogne était une école ménagère : suite de cet article

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http://www.ardenneweb.eu/reportages/2010/les_filles_modeles_du_seminaire...

  • En tenue de travail (vers 1960)
  • Das Karnevalkostum (traduction superflue). Pour des germanophones, c'est le grand jour.
  • Celles qui ne sont pas en mini, ce sont des Soeurs.
  • Ici, pas de mini: on est au coeur du jardin d'honneur visible des bureaux des pretres.
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