Opération Vent Printanier (T2), Ph. Richelle & P. Wachs – Casterman.
Opération Vent Printanier (T2), Ph. Richelle & P. Wachs – Casterman.
Paris, hiver 1941. Dans la capitale française occupée, la récente défaite impose de nouvelles règles, de nouvelles normes : le rationnement et les restrictions de toutes sortes, l’humiliation patriotique, la montée de l’hystérie anti-juive, l’affairisme des profiteurs de guerre. Chaque Français, alors, quels que soient son origine ou son statut social, s’efforce de trouver de nouvelles marques, vaille que vaille, au coeur de cette société profondément déstabilisée.
C’est la trajectoire d’une poignée d’entre eux que nous propose de suivre Vent Printanier : la jolie Charlotte, que le hasard conduira à nouer des relations amicales avec un soldat allemand, son père veuf et gardien de la paix, le jeune Lucien, impliqué à regret dans le commerce avec l’occupant pour soutenir sa famille dans le besoin, ou encore le vieux Mercadier, apiculteur et ancien militant communiste…
Une histoire dense et subtile, comme sait à merveille les composer Philippe Richelle, et, porté par les images élégantes de Pierre Wachs, le portrait tout en nuance d’une époque tourmentée, traversée par la question toujours d’actualité de l’engagement individuel et de ses ressorts intimes (64 pages en couleurs – 15,00 euros – www.casterman.be).
La parution du tome 2 de cette BD a été liée à la visite du MJDR. Une visite fort intéressante qui relie une BD à la triste réalité des choses. Et tout cela à moins de 30 km de Bruxelles.
Le Musée Juif de la Déportation et de la Résistance (MJDR) se situe à Malines, dans une aile de l’ancienne Caserne Dossin. C’est là que les Nazis installent le SS-Sammellager-Mecheln, centre de rassemblement pour la déportation des Juifs de Belgique.
1942-1944
En 1942, une très sinistre destination nouvelle échoit à la caserne Dossin. Nous sommes en pleine deuxième guerre mondiale et en Belgique aussi, les nazis procèdent méthodiquement à ce qu’ils appellent pompeusement la “solution finale du problème juif”. La caserne Dossin jouera un rôle central dans cette persécution de gens innocents, hommes, femmes, enfants, vieillards. Exactement comme Vught et Westerbork, en Hollande, ou Drancy, en France, elle fonctionnera comme “Sammellager”, camp de rassemblement. Plusieurs caractéristiques lui ont valu cette fonction: sa structure fermée, sa situation à mi-chemin entre Anvers et Bruxelles, les principaux habitats juifs, et enfin son raccordement direct au réseau ferré.
Le Sammellager Mecheln est le point de départ d’une déportation sans retour. Entre 1942 et 1944, 24 916 Juifs et 351 Tsiganes sont déportés à Auschwitz. Les deux tiers seront gazés à leur arrivée. A la libération des camps nazis, seules 1.221 personnes sont encore en vie.
La Caserne Dossin fut “l’Antichambre de la Mort” au sens propre du mot. Le Musée Juif de la Déportation présente cette sombre histoire (www.cicb.be).