08 septembre, journée internationale de l’alphabétisation

écrit par admin
le 12/09/2008

L’analphabétisme … chez nous ?
08 septembre, journée internationale de l’alphabétisation

Le 8 septembre 1965 était proclamé la « Journée internationale de l'alphabétisation » par la conférence mondiale des ministres de l'Éducation sur l’analphabétisme.
Quelques années plus tôt, en 1958, l’UNESCO définissait comme « analphabète fonctionnel » une personne scolarisée qui, à l’issue du parcours scolaire, reste incapable de lire et d’écrire, en le comprenant, un exposé bref et simple de faits en rapport avec la vie quotidienne. Cette définition allait permettre de distinguer les personnes n’ayant jamais été scolarisées (analphabètes) des personnes l’ayant été (analphabètes fonctionnels).

44 ans plus tard, à l’heure de la « stratégie de Lisbonne » - initiative lancée en 2000 par l’Union européenne dans l’optique de muer l'économie basée sur la connaissance en économie la plus compétitive au monde d'ici 2010 -, on pourrait penser que l’analphabétisme ne concerne pas un pays industrialisé comme la Belgique dont l’obligation scolaire (en vigueur depuis 1914) est passée de 14 ans à 18 ans en 1983. Certains indicateurs renseignent pourtant une autre réalité. S’il est impossible de mesurer le nombre de personnes ayant des difficultés de lecture et d’écriture, le niveau de scolarité est certainement est un des indicateurs les plus pertinents pour estimer le nombre de personnes concernées potentiellement par l’analphabétisme. En tenant compte du fait que la scolarité est obligatoire jusqu’à 18 ans, ne pas avoir du tout de diplôme ou ne posséder que le Certificat d’Enseignement de Base peut être interprété comme le signe d’une éventuelle scolarité difficile et d’un probable manque de maîtrise des savoirs de base. Il serait en revanche inexact d’affirmer qu’être faiblement scolarisé signifie automatiquement être «analphabète fonctionnel».

Au niveau national, l’enquête annuelle (2006) sur les forces de travail de l’Institut National des Statistiques indique que 21,4% de la population adulte ne possèdent que le diplôme primaire et 21,6% ne possèdent que le certificat secondaire inférieur.
Au niveau des demandeurs d’emploi wallons, les chiffres du Forem (juillet 2008) nous renseignent que 25,5% des demandeurs d’emploi inoccupés ont un niveau d’étude qui atteint (au maximum) le premier degré de l’enseignement secondaire et 27% atteignent au maximum le deuxième degré. Selon les chiffres du Service des Statistiques de la Communauté française (Etnic), 7% des enfants quittent l’école primaire sans Certificat d’Etudes de Base et la moitié de la population de la Communauté française Wallonie-Bruxelles n’a pas terminé les études secondaires. Mais combien y-a-t-il réellement d’analphabètes fonctionnels en Belgique? L’estimation de 10% de la population adulte est souvent avancée par les acteurs de l’alphabétisation de la Communauté française Wallonie-Bruxelles qui accueillent chaque année, plus de 16000 adultes s’investissant dans une formation en alphabétisation.
A titre de comparaison, en France, l’Institut national de la statistique et des études économiques publiait en 2005 les résultats de l’enquête « Information et Vie quotidienne » dont l’objectif était de mesurer les compétences des adultes face à l’écrit. Plus de 10.000 personnes de 18 à 65 ans ont participé à l’enquête en passant un test. Globalement, 12% des personnes étaient dans une «situation préoccupante» face à l’écrit.

Indépendamment de chiffres qui ne seront jamais que des estimations, une chose est certaine: l’analphabétisme n’est pas un phénomène isolé qui ne concernerait que quelques personnes, mais bien un véritable phénomène de société touchant tous les pays industrialisés.

En province de Luxembourg : mobilité, information et sensibilisation
des enjeux d’actualité pour le droit et l’accès à l’alphabétisation pour tous.

En province de Luxembourg, chaque année près de 300 personnes suivent des formations gratuites en alphabétisation organisées par l’association Lire et Ecrire et ses différents partenaires. Lire et Ecrire propose une offre de formation sur l’ensemble du territoire de la province. Il est toutefois impossible de proposer une offre d’alphabétisation dans chaque commune. Les antennes de formation sont implantées dans les communes les plus peuplées et les plus accessibles. Mais elles n’apportent pas pour autant LA réponse à la diversité des situations rencontrées : comment se déplacer vers une antenne de formation quand on habite un petit village mal desservi par les transports en commun et qu’on ne possède pas de véhicule personnel?

Si la mobilité est un enjeu important lié à l’accès et au droit à l’alphabétisation pour tous, l’accès à l’information en est un autre. De taille. En effet, beaucoup de personnes ignorent l’existence de formations en alphabétisation. Un travail important de sensibilisation est effectué depuis 2001 auprès des Cpas, du Forem et d’autres services publics afin de permettre à un maximum de personnes d’être informées de l’existence de ce type de formation.
Lire et Ecrire Luxembourg a en outre développé des moyens de communication pour mieux toucher le public potentiel : la mise en place d’un numéro de téléphone vert gratuit (0800/99139) en fonction depuis 2001, une large diffusion d’affiches et de dépliants qui ont été spécialement conçus pour un public en difficulté de lecture.

Dans notre société où l’écrit semble faire partie des «évidences », il est difficile pour les personnes concernées d’aborder la question de leurs difficultés de lecture et d’écriture. Le sujet reste tabou. Les personnes craignent les jugements, les moqueries et l’échec. Elles ont peur « de ne pas savoir apprendre… ». Dans ce contexte, s’inscrire dans une formation en alphabétisation relève du défi. Si cette démarche est avant tout personnelle, les institutions «relais » (Forem, Cpas,…) et l’entourage (famille, amis, voisins) ont un rôle important à jouer : d’une part pour informer et d’autre part pour encourager et soutenir la démarche d’oser faire le premier pas.

Comment agir ?

Il est possible d’agir très facilement en participant à une large diffusion de l’information et à la sensibilisation des différentes institutions relais. Lire et Ecrire met à disposition des institutions et des particuliers différents supports de communication et organise, à la demande, des réunions d’information et de sensibilisation. Ces gestes très concrets sont les piliers du droit et de l’accès à une alphabétisation de qualité pour toutes les personnes qui le souhaitent.

Contact :
Lire et Ecrire Luxembourg ASBL, Place Communale 2b, 6800 Libramont –
info@lire-et-ecrire-luxembourg.be
0800/99139 du lundi au vendredi de 9h à 16h

Définition : En 1958, l’UNESCO définit comme analphabète, «une personne incapable de lire et écrire, en le comprenant, un exposé simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne ».
En 1978, est considérée comme analphabète toute personne qui est «incapable d’exercer toutes les activités pour lesquelles l’alphabétisation est nécessaire dans l’intérêt du bon fonctionnement de son groupe et de celui de sa communauté, de continuer à lire, écrire et calculer en vue de son propre développement et de celui de sa communauté ».

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