Offensive. La mousse au chocolat des officiers allemands

écrit par ReneDislaire
le 25/02/2020

Remontons à l’Offensive von Rundstedt.
Pendant les trois mois qui ont suivi la Libération, cela a été rappelé plusieurs fois dans des récits du 75e anniversaire, l’euphorie dans l’Ardenne a atteint son comble. Et en ces mois de la mi-septembre à la mi-décembre 44 de nombreux citoyens se sont glorifiés d’avoir accompli de hauts faits soit authentiques, soit parfois exagérés ou même imaginaires.
Du bouche à oreille dans les cafés et les bals et sur le parvis des églises, des publications dans les petits journaux locaux publicitaires et « L’Avenir du Luxembourg », des consignations administratives à caractère officiel : pas d’internet, mais après quatre ans de bouche cousue, les comm’ avaient du retard à résorber.
On peut retenir de la lecture des récits in tempore non suspecto dans les archives houffaloises que des faits avaient été actés auprès des autorités administratives dans des dossiers que l’on aurait été bien inspiré de détruire lors du retour des Allemands. Et d’ajouter qu’il s’est produit des négligences qui ont permis aux nazis de mettre la main sur des éléments qui ont pu conduire à des règlements de compte extrêmes et tragiques.
Dans les entretiens recueillis par Patricia Lemaire Bastogne à l’écoute du passé et republiés sur internet
surgissent quelques fois des réflexions, dans les villages avoisinant Bastogne, telles que : les Américains ont été trop bien accueillis par les Bertognards au mois de septembre et les Allemands étaient parfaitement au courant, de même que de leur moqueries envers eux. Et leurs comportements effrénés sont dictés par un esprit de vengeance.

La mousse au chocolat du chef
Voici l'anecdote telle que me l’a racontée lors d’une visite du roi Baudoin à Arlon, en 1980 je crois, celui qui en fut le protagoniste et la victime.
Pendant la guerre le narrateur, devenu ensuite une personnalité dans les milieux HORECA de la province, était queux en second dans un hôtel réquisitionné bien connu des Houffalois. Autrement dit, il était cuisinier au mess des Officiers.
Les Allemands raffolaient de sa mousse au chocolat, denrée hors de prix mais un peu moins rare chez les gradés de la Wehrmacht qu’ailleurs. Ils en raffolaient et ils en redemandaient.

Libération en septembre. Voilà les cohortes triomphales des Américains qui font leurs joyeuses entrées partout en Ardenne, et en Ardenne l’heure a sonné d’étaler sur la place publique, chacun à son niveau, son patriotisme durant l’Occupation.
Et notre marmiton avait relaté dans un petit journal concurrent au Courrier des Ardennes belges l’histoire de sa mousse au chocolat.et le secret de son excellence.
Il logeait dans la soupente de l’hôtel, dont les officiers occupaient tous les étages.
Point de toilettes au grenier, ce qui était synonyme de seau hygiénique.
L’acte de civisme de notre héros était qu’il remontait tous les soirs une casserole dans son réduit à dormir, y faisait ses besoins la nuit, dissimulait les odeurs sous le couvercle et en vidait le contenu dans les communs au lever du jour et, la vaisselle au savon rationné accomplie, il faisait sa mousse au chocolat dans son récipient devenu polyvalent hygiénico-gastronomique.
L’interview dans le petit journal local faisait mention de l’identité et de l’hôtel, et du jeune cuisinier.
L'histoire avait fait le tour du canton et même au-delà: pendant des années, les officiers de la Wehrmacht avaient mangé de la mousse au chocolat sortie de la casserole où il faisait caca.
(à suivre)

René Dislaire © Houffalize, le 25 février 2020

Liens vers les publications de l’auteur en 2020 et 2018 :
Humour (+/- 100 articles)
L’Offensive von Rundstedt (+/- 50 articles)
Poésie, actu, linguistique…

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