Cinéma : Evénements des "Grignoux", à Liège et à Namur

écrit par YvesCalbert
le 07/09/2018
Le "Cameo", a Namur (c) Julien Forthome

Ce lundi 10 septembre, à 19h45, au "Caméo", à Namur, projection d' "En Guerre" (Stéphane Brizé/Fra./ 2018/102'/avec Vincent Lindon/un film présenté au "Festival de Cannes"), suivie d'une rencontre, intitulée « La restructuration d'entreprise  et ses dommages collatéraux », en présence de Myriam Delmee, Vice-Présidente  du "SETCa" fédéral ("Syndicat des Employés, techniciens et Cadres de la 'FGTB' ")

Synopsys : "Les ouvriers de l' 'Usine Perrin' d'Agen protestent contre l’annonce de la fermeture annoncée par leur direction. Laurent Amédéo (Vincent Lindon, seul acteur professionel) est le leader syndical à la tête de la contestation. Les ouvriers s’appuient sur un accord conclu deux ans auparavant de maintien de l’emploi pour cinq ans en échange d'une modération salariale et d'un renoncement aux primes, tandis que la direction de l’entreprise, faisant partie d’un groupe allemand, invoque la rentabilité insuffisante face à la concurrence, qui les presse de supprimer la production sans tarder..."

"Là où la réalité du cinéma rejoint la réalité du monde, c’est que le marché ne réclame pas ce type de films. Il faut pourtant qu’ils existent. Plus que jamais même." (Stéphane Brizé)

A noter que ce long-métrage fut tourné en seulement vingt-trois jours, le réalisateur  tenant à ce que l'énergie du tournage fasse écho à l’énergie du combat que peuvent mener des salariés dans un cas comme celui décrit dans ce film. 

Soulignons que comme pour le tournage de "La Loi du Marché" (Stéphane Brizé/Fra./2015/93'/"César" et "Prix Lumière du meilleur Acteur", en 2016, pour Vincent Lindon, qui avait reçu, en 2015, le "Prix d'Interprétation masculine" du "Festival de Cannes", son personnage étant inspiré du syndicaliste Edouard Martin, un autre syndicaliste, Xavier Mathieu ayant participé à l'écriture du scénario., ce film recevant une "Mention spéciale du Jury oecuménique").

Pour ces deux films de Stéphane Brizé, les dialogues ne sont ni écrits ni récités, mais presque totalement improvisés autour d'une trame générale, ce réalisateur  tenant, là encore, à ce que l'impression de réalisme pur absolu se fasse ressentir jusque dans l'expression verbale des personnages de ce grand film insurrectionnel, à la mesure du temps présent et des luttes à venir….

Dans sa présentation de ce film, Catherine Lemaire, des "Grignoux", écrit :

" 'En Guerre' est le film-synthèse de ce qu’est devenu, aujourd’hui et depuis un certain temps, la lutte des travailleurs pour préserver leurs emplois, en saisissant au plus près les acteurs de la lutte."

" 'En Guerre' , avec le bien-fondé de sa radicalité, est une œuvre qui saisit au plus près les acteurs de la lutte, filme les regards, les corps compressés par la police ou animés d’une verve rauque et sincère à la table de nombreuses négociations. Le titre n’est pas que la métaphore d’une violence systémique, il convient au sens littéral, comme le constat de ce que cette violence engendre."

" 'En Guerre'  est le film-synthèse de ce qu’est devenu, aujourd’hui et depuis un certain temps, la lutte des travailleurs pour préserver leurs emplois. Les discours des uns et des autres sont fouillés, précis, fruit d’un patient travail de documentation, qu’il s’agisse des communiqués des dirigeants ou des dissensions internes entre syndicats : ici, pas de raccourcis, mais du temps pour poser la complexité des problématiques."

" 'En Guerre'  commence par des images médiatiques, celles vues et revues tant de fois, qui égrènent d’une voix neutre (et neutralisante, c’est là tout le problème) les tragédies en devenir. Il s’agit de la fermeture pure et simple d’une usine d’un grand groupe allemand, 'Dimke'. Conséquence directe : le licenciement de 1.100 travailleurs, alors même que ceux-ci, depuis deux ans, ont accepté de travailler plus et de renoncer à leurs primes, pour sauver l’usine, qui a par ailleurs enregistré 17 millions de bénéfices sur l’année écoulée..."

A noter qu' "En Guerre", sorti en salles le 23 mai dernier, sera, à nouveau, projeté, le jeudi 27, au "Caméo", à Namur, à 10h, et au "Saunenière", à Liège, à 12h.

Ce même lundi 10, à 20h, au "Churchill", à Liège, retour d'un film culte "2001, l'Odyssée de l'Espace"  (Stanley Kubrick/USA-UK/1968/149'), cette projection étant présentée par Dick Tomasovic, du "Service Arts du spectacle" de l’Université de Liège.

Synopsis : "A l'aube de l'Humanité, dans le désert africain, une tribu de primates subit les assauts répétés d'une bande rivale, qui lui dispute un point d'eau. La découverte d'un monolithe noir inspire au chef des singes assiégés un geste inédit et décisif. Brandissant un os, il passe à l'attaque et massacre ses adversaires. Le premier instrument est né. En 2001, quatre millions d'années plus tard, un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du 'Beau Danube Bleu'. A son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux vers Jupiter..."

A noter que ce film a remporté, en 1969, l' "Oscar des meilleurs Effets spéciaux", les "Prix de la meilleure Direction artistique" et la "meilleure Bande originale" de la "BAFA" ("British Academy Film Awards"), le "David di Donatello de la meilleure Production étrangère", ainsi que les "Kansas City Film Critics Circle Awards du meilleur film et du meilleur réalisateur. En outre, depuis 1991, il  a été sélectionné par le "National Film Registry", pour être conservé par la "Bibliothèque du Congrès américain".

Sur le site des "Grignoux", nous lisons :

"Par quel sortilège ce film demeure-t-il un objet de rêverie inépuisable pour les spectateurs qui l’ont vu quinze fois ? Où réside son abyssale suprématie sur tous les 'Star Wars' ou 'Star Trek' du monde ? Dans le monolithe noir, c’est-à-dire dans sa teneur existentielle, théologique, métaphysique…"

"Loin d’être une vulgaire démonstration d’effets spectaculaires ou un banal space-opera opposant bons et méchants, 2001 confronte l’espèce humaine à sa relativité, sa solitude et sa fragilité dans l’immensité des espaces infinis."

"On peut voir ce film sous un angle biologique, matriciel, sexuel, tant abondent les symboles d’organes féminins ou masculins, les figures rondes et phalliques, les allégories d’accouplements."

"On y remarquera aussi l’instinct prophétique de Stanley Kubrick (1928-1999) dans les rapports entre les hommes et leur ordinateur qui sont au cœur du film dès 1968, et au cœur de notre quotidien et de nos intimités aujourd’hui."

"  '2001, l'Odyssée de l'Espace'  est un trip d’une irréductible étrangeté, à la fois spectaculaire dans son ambition, ses effets spéciaux, ses maquettes d’aéronefs, sa station orbitale, son show futuriste clignotant, et complètement expérimental avec ses durées, ses moments de vide, sa rareté de dialogue, son montage long, son épaisseur philosophique et son emballage final ésotérique..."

Ce film-trip métaphysique, qui n’a pas pris une ride, sera re-programmé à 20 reprises, entre le mercredi 12 septembre et le mardi 09 octobre, en séances ordinaires, à Liège, au "Churchill", au "Parc" et au "Sauvenière".

Ce mardi 11, à 12h et à 20h, une nouvelle saison s'ouvrira pour les "Classiques du Mardi"du "Service Cinéma" de la Province de Namur : "Le Carrosse d'Or" (Jean Renoir/Fra.-Ita./1952/92').

Sybopsis : "Au 18ième siècle, dans une colonie espagnole d’Amérique, le vice-roi reçoit un carrosse d’or. Par le même bateau est arrivée une troupe de la Commedia dell’Arte. Camilla, qui joue le personnage de Colombine sur scène, va faire tourner bien des têtes…"

Ce film débute avec un premier plan qui part du plancher du théâtre pour s'élever jusqu'aux appartements royaux. Et si les acteurs portent des masques, le vice-roi ne peut se déplacer sans porter de perruque. Les intrigues de la Cour renvoient aux malices de la Commedia dell'Arte. La politique est un spectacle et la Cour n'est pas moins factice que les représentations théâtrales.

Sur le plan musical, Jean Renoir déclara s'être inspiré du talent d'Antonio Vivaldi (1678-1741) : "J’ai écrit mon scénario au son des disques de feu ce maître, qui fut mon principal collaborateur pour ce tournage. Son sens dramatique, son esprit m’orientaient vers des solutions m’apportant le meilleur de l’art théâtral italien."

"Lorsqu’en 1951 Jean Renoir (1894-1979) reçoit une proposition pour réaliser l’adaptation du 'Carrosse du Saint-Sacrement' , de Prosper Mérimée (1803-1870), il s’agit pour lui d’un véritable challenge. Le projet a en effet longtemps été attaché au nom de Luchino Visconti  (1906-1976), mais cette contrainte n’a pas de quoi faire frémir Jean Renoir qui prouvera une fois de plus son immense talent de réalisateur (qui signe ici) un divertissement intelligent..."  ("Les Grignoux" )

En 2002, la "Société des Réalisateurs de Films" créa le "Prix du Carrosse d'Or", remis chaque année au "Festival de Cannes", lors de la "Quinzaine des Réalisateurs", ce prix étant destiné à récompenser un cinéaste choisi pour les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production. Le trophée se présente sous la forme d'une statuette en bronze, créée à partir des personnages de la Commedia dell'Arte présentés par Jean Renoir. Parmi les réalisateurs récompensés, notons Clint Eastwood, en 2003, et Agnès Varda, en 2010. 

A noter que François Truffaut (1932-1984), considèrait Jean Renoir comme étant « le plus grand des cinéastes », considèrant "Le Carrosse d'Or " comme étant "un film clef dans la carrière de Jean Renoir, le film le plus noble et le plus raffiné jamais tourné"... Appréciant à ce point ce long-métrage, il nomma sa compagnie de production : "Les Films du Carrosse".

Tout aussi élogieux, Eric Rohmer (1929-2010) voit dans ce film « le 'sésame ouvre-toi ' de toute l'œuvre de Jean Renoir ». Admirant la manière dont ce réalisateur a su porter le théâtre à l'écran, il déclara : "Cette sorte de spectacle, le mime, la mascarade, offre en général la plus extrême répugnance à s’inscrire sur un écran. Jean Renoir a su le plier aux normes cinématographiques, en même temps qu’il l'a fait servir de repoussoir. L'affectation des attitudes n'est là que pour provoquer le naturel et rendre ses interventions plus éclatantes. Le masque une fois ôté, la figure humaine brille de sa splendeur vraie, lavée de la boue déposée par la routine séculaire de la vie et de l'art."

Ce même mardi 11, à 20h, mais à Liège, cette fois, au "Sauvenière", de même que ce mercredi 12, à 20h, de retour à Namur, au "Caméo" , ces deux projections étant suivies d'une rencontre avec la réalisatrice franco-algérienne : "A mon Age je me cache encore pour fumer" (Rayana/Fra.-Alg./2017/90'), son premier long-métrage.

"Bien au-delà des enjeux politiques, des idéologies, des religions et des temps, la réalisatrice a réussi à créer un microcosme où les femmes prennent la parole en toute liberté, avec humour, grâce, sensualité loin de tout exotisme" fut la raison pour laquelle ce long-métrage remporta, en décembre 2017, le "Grand Prix"  du17ième Festival du Cinéma Méditerranéen",  à Bruxelles, octroyé par un jury officiel entièrement féminin, présidé par la productrice égyptienne Marianne Khoury, nièce  du réalisateur Youssef Chahine (1926-2008), lle"Prix de la Critique"  lui étant décerné par l' "Union de la Presse cinématographique belge" et l'"Union de la Critique de Cinéma".

Synopsis : "Au cœur du hammam loin du regard accusateur des hommes, enfin en liberté, les femmes algériennes, mères, amantes, vierges ou exaltées islamistes, des fesses et des foulards de Dieu se confrontent, s’interpellent entre fous rires, pleurs et colères, bible et coran… avant le sifflement d’un poignard et le silence de Dieu..."

Notons que Rayana, comédienne, auteure, dramaturge et metteuse-en-scène féministe franco-algérienne, résidant en France depuis 2000, avait, sous ce même titre, mis en scène, en 2009, une pièce de théâtre, qui obtint le "Prix Juergen Bansemer & Ute Nyssen" pour sa version allemande interprétée au "Théâtre Municipal" d'Ingolstadt.

Sur le site des "Grignoux", nous lisons :

"Dans la chaleur moite d’un hammam, aux murs lépreux, elles suent, bavardent, ragotent, s’emportent, se frottent et, surtout, fument. Sans voile, sans niqab, sans hommes, sans contrainte, elles tirent sur des cigarettes américaines, strictement interdites pour elles, en société. Dehors, les bombes explosent..."

"La matrone fait le ménage, apporte de l’eau chaude ; la masseuse circule de corps en corps ; et toutes, vieilles et jeunes, grasses et maigres, gaies et épouvantées, toutes parlent d’amour. Mariages ratés, vies brisées, avenir incertain, espoir d’un prince charmant…"

"Il y a, dans le film de Rayhana, un parfum de liberté. C’est la version politique de 'Femmes' (USA/1939/134'), de George Cukor(1899-1983), célèbre film dans lequel une quinzaine de femmes se croisaient dans un institut de beauté. C’était fielleux et ironique. Chez Rayhana, c’est vif et tranchant... Exilée, elle a tourné ce film dans l’espoir que le message portera. L’important, c’est la puissance de l’œuvre. Ces épouses, ces sœurs, ces mères, qui rient et pleurent dans la vapeur du hammam, sont poignantes, drôles, belles, oui, belles..."

Un huis clos cinématographique se terminant par un cruel retour à la réalité...

Pour la programmation complète, consulter le ite www.grignoux.be.

Yves Calbert.

  • Le "Cameo", a Namur (c) Julien Forthome
  • "En Guerre", avec Vincent Lindon
  • "2001 l Odyssee de l’Espace" (c) Stanley Kubrick/"Warner Bross"
  • "Le Carrosse d Or"
  • "A mon Age je me cache encore pour fumer"
  • "A mon Age je me cache encore pour fumer"
  • "En Guerre"
  • "2001 l Odyssee de l’Espace" (c) Stanley Kubrick/"Warner Bross"
  • "Le Carrosse d Or"
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