Rex et l’Ordre Nouveau dans l’arrondissement de Verviers

écrit par francois.detry
le 17/03/2015
Exposition à l'Abbaye de Stavelot

Une récente exposition dans l’Abbaye de Stavelot intitulée « Rex et l’Ordre Nouveau dans l’arrondissement de Verviers » a évoqué le rexisme, Léon Degrelle, la Légion Wallonie, la Collaboration mais également bien d’autres facettes auxquelles on ne pense pas toujours.
Le rexisme est un sujet qui éveille souvent la curiosité et déchaîne les passions. Lorsque l’on l’évoque, les images de Léon Degrelle, de la Légion Wallonie et de la Collaboration surgissent immédiatement. Pourtant, l’autre facette du rexisme, son émergence dans les années trente sont des sujets plus méconnus et moins étudiés. Ce constat reste valable en ce qui concerne Rex-Verviers. En 1936, près de 25% des électeurs votent Rex dans l’arrondissement de Verviers ! En 1939, ils ne sont plus que 7%. Durant l’occupation, le rexisme change de visage et se lance petit à petit sur la voie de la Collaboration, entouré par d’autres groupuscules d’Ordre Nouveau. Comment et pourquoi le rexisme et ces autres organismes vont- ils s’implanter dans nos régions ? Et, surtout, qui étaient ces hommes qui s’engagèrent politiquement ou militairement au nom de ces organisations ?
Autant de questions auxquelles l’Abbaye de Stavelot a tenté de répondre en s’appuyant sur le livre de l’auteur-historien Mathieu Simons publié aux Editions Vieux Temps et en mettant en scène de nombreux documents et photos inédits, uniformes, matériel de propagande, affiches, objets et bien d’autres.
Pour la première fois, la lumière est faite sur cette face sombre de l’histoire de notre arrondissement.

Mathieu Simons, historien:
"Il faut bien distinguer le Rexisme d'avant-guerre et le Rexisme de guerre. Le Rexisme d'avant-guerre est au départ un mouvement politique de jeunes qui militent au sein du monde catholique, du parti catholique et puis qui va progressivement s'en distancier et connaître un certain nombre de succès électoraux puis connaître une chute aussi rapide dû à la radicalisation de Léon Degrelle et de l'imagerie du mouvement qui va faire perdre une partie de son élan au mouvement. Et, si bien que le Rexisme n'existe pratiquement plus à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. Et lorsqu'il va renaître durant la Seconde Guerre Mondiale, ce ne sont plus les mêmes objectifs, les mêmes moyens. Il ne reste que le nom finalement de Rex, Léon Degrelle. Mais, cette fois-ci, le Rexisme va se lancer dans une politique de collaboration et qui n'a vraiment aucun lien ou très peu avec ce que fut le Rexisme d'avant-guerre."
Qu'on ne s'y trompe pas, l’expo de l'Abbaye de Stavelot ne faisait en aucun cas l'apologie du Rexisme et de son maître à penser. Elle entend par contre expliquer le succès aussi fulgurant que furtif de ce mouvement dans l'arrondissement de Verviers, dans le contexte de crise des années 30.En 1936, lorsque Rex se présente pour la première fois aux élections, c'est un triomphe dans l'arrondissement de Verviers. L'arrondissement de Verviers récolte troisième score sur le plan national. Et donc on est vraiment, nous verviétois, nous sommes à la pointe du combat rexiste et Léon Degrelle rencontre un véritable succès et plus particulièrement encore sur le plateau de Herve, où il parvient à capter un électorat issu du monde catholique.
Il est toujours difficile de faire des liens entre le passé et le présent. Il y a bien sûr un certain nombre de discours populistes que l'on peut entendre à nouveau, des amalgames qui sont faits entre la classe politique, le monde financier, la dénonciation de scandales, une crise importante que nous traversons actuellement et qui font ressurgir un certain nombre de spectres. Mais, je ne souhaite pas aller au-delà dans les comparatifs sinon cela devient vraiment hasardeux."

Mathieu Simon ( historien, auteur de « Rex et l’Ordre nouveau dans l’arrondissement de Verviers »( par Yves Bastin, journaliste )
Rex et son leader, Léon Degrelle, qui allait être surnommé le Führer des Wallons, font l’objet d’une volumineuse et passionnante étude de l’historien verviétois Mathieu Simons. Dans cet ouvrage fouillé et comptant près de 300 illustrations, il analyse l’évolution de ce mouvement d’extrême droite musclée dans notre région. On apprend ainsi que l’arrondissement de Verviers était dans le top trois des arrondissements les plus à droite aux législatives de 1936 et qu’il a fourni des centaines de collaborateurs pendant le conflit.
Interview.
Dans l’arrondissement de Verviers, a-t-on été plus rexiste avant la guerre qu’ailleurs en Belgique ? Et plus collaborateur, après 1940 ?
Après 1940, c’est difficile à dire. On a du mal à comparer avec d’autres régions : les données manquent. Mais on peut estimer qu’en 1942, il y a eu environ 350 rexistes à Verviers ville. À Spa, en 1940, ils étaient 150. Mais en 1943, l’effectif avait fondu de moitié. Pour ce qui est de l’avant-guerre, cela a bien marché pour Léon Degrelle. En 1936, quand son parti, Rex, décrochera 21 députés au niveau national, Léon Degrelle obtiendra son troisième score au niveau national en région verviétoise, avec 22,29 % des voix. À Herve, 28,7 % des électeurs avaient voté Rex. Et à Malmedy, ils étaient 31 % ! Et aux législatives de 1939, quand le rexisme se cassera la figure en n’obtenant plus que 4 élus, Verviers en conservera un, l’avocat Henri Horward.
Peut-on expliquer les scores élevés de Rex aux élections d’avant-guerre ? Est-ce dû à des taux élevés d’agriculteurs et de catholiques, même si l’archevêque avait condamné, dès 1935, le programme de Rex ?
Durant les campagnes des législatives de 1936 et des communales de 1938, Rex avait mis l’accent sur la défense des agriculteurs. Il parvient à en séduire beaucoup au Pays de Herve. Son succès s’explique aussi par la grande grève de 1934 qui va exacerber les mécontentements et provoquer de graves tensions entre socialistes et communistes, dont les rexistes sauront habilement profiter. De plus, à Verviers, Rex attirera des figures de l’establishment catholique. Pendant la guerre, Rex mettra en place des organisations militaires ou paramilitaires. Il y aura d’abord les Formations de Combat du parti, la milice du parti, installée dans l’ancien garage Noirfalise, rue Léopold Mallar. Ils font des exercices de gym et de l’entraînement physique. Les Gardes wallonnes, elles, aident la police. Leurs membres surveillent des camps de prisonniers dans le Nord de la France et des lignes de chemin de fer.
VERVIERS AURA TROIS BOURGMESTRES REXISTES PENDANT LA GUERRE
Les Formations B étaient plus musclées. Installées à Verviers à partir d’avril 1944, elles traquaient les résistants et protégeaient les responsables du parti ou les lieux que les rexistes fréquentaient. Par exemple, le gîte de la Sapinière, à Sart, qui était une colonie de vacances pour enfants de rexistes. Il y aura encore les Jeunesses rexistes, avec une trentaine de membres à Spa, dont la moitié étaient vraiment actifs. Elles ressemblaient un peu au scoutisme, mais on y parlait de Léon Degrelle et de l’Ordre nouveau. Verviers aura un destin particulier pendant la guerre : trois bourgmestres rexistes s’y succéderont. D’abord Paul Simon, qui sera démis en août 1942, notamment parce qu’il puisait dans les caisses de la ville. Puis Charles Hénault, qui sera tué le 11 novembre 1942. Marcel Tourneur clôturera la liste. Pour l’arrondissement de Verviers, après la guerre, le Conseil de guerre prononcera vingt-cinq condamnations à mort, dont quatre seront exécutées.
Certains sont-ils allés se battre avec la Wehrmacht, l’armée régulière, avant d’être incorporés dans la S.S., au Front de l’Est ?
Selon mes estimations, environ 130 habitants de l’arrondissement se sont engagés et sont partis se battre au Front de l’est. Entre un tiers et un quart y auraient trouvé la mort. Dont trois frères de Welkenraedt. Des sortes de soldats Ryan, version Légion Wallonie. Après la guerre, la maman a été poursuivie parce qu’elle avait laissé partir ses enfants. La répression a parfois été terrible.
Les Rexistes d’avant-guerre seront-ils aussi ceux qui iront se battre contre les Russes avec la S.S. ?
Il y a une grosse différence entre ceux d’avant 1940 et ceux qui ont suivi. La plupart de ceux qui avaient suivi Degrelle avant la guerre avaient quitté le mouvement avant l’attaque allemande. Pendant la guerre, Degrelle a recruté beaucoup d’opportunistes. La plupart de ceux qui sont partis au Front de l’est, dans le premier contingent, en août 1941, étaient essentiellement idéalistes. Ils croyaient partir en croisade contre le bolchevisme. Les recrues qui ont suivi, c’était tout autre chose. Et ceux qui étaient déjà au front ne comprenaient pas qu’on leur envoie des gens qu’ils assimilaient parfois à des bandits et qui se moquaient souvent de l’idéal initial.

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