FRANCE / Guerre 1914 – 1918 Des maires élus sans élections
Les dimanches 23 et 30 mars prochains, les élections municipales sont programmées en République française, démarches citoyennes destinées à renouveler l’ensemble des conseils municipaux dans les 36 682 communes du territoire. Parmi celles-ci, six localités inhabitées auront tout de même un maire et un conseil municipal ! Ce maire n’est bien sûr pas élu, mais est nommé par le préfet du département. En effet, ces six villages ont le statut de communes « mortes pour la France », pour avoir été détruits lors de la bataille de Verdun (1916), durant la Première guerre mondiale. Ces villages existent donc toujours administrativement. Il s’agit des six communes suivantes, toutes situées dans la Meuse (55) :- Beaumont-en-Verdunois (186 habitants en 1911, inhabité depuis 1918) ; - Bezonvaux (149 habitants en 1911, inhabité depuis 1918) ; Cumières-le-Mort-Homme (pour 205 habitants en 1911, 3 en 1921, 1 en 1990 et 0 en 2006 ) ; - Fleury-devant-Douaumont, à côté du Mémorial de Verdun (pour 422 habitants en 1911, 12 en 1921 et 5 en 1990 et 0 en 2006). Afin de perpétuer le souvenir de cette commune anéantie, la commune de Fleury-sur-Orne dans le Calvados, appelée jusque là Allemagne, a adopté son nom en 1917 ; - Haumont-près-Samogneux (pour 131 habitants en 1911, 5 en 1921 et 0 en 1990) et Louvemont-Côte-du-Poivre (183 habitants en 1911, non habité depuis).
En raison de terrains accidentés, de la présence de pollutions ou de munitions non-explosées, mais aussi pour en conserver la mémoire, ces villages sans population n’ont jamais été reconstruits et les terrains ont été achetés par l’État en 1919. Le conseil municipal de ces communes est composé de trois membres dont le maire, tous nommés par le préfet de la Meuse. Ces maires ont presque les mêmes attributs que les maires élus, garant de l’entité administrative. Ils reçoivent une écharpe tricolore, tiennent un registre d’état-civil bloqué « à zéro habitant », siègent à la communauté de communes, et s’occupent de l’entretien de leur village, notamment du monument aux morts. De plus quelques autres villages ont été détruits et non reconstruits dans leur entièreté, parmi lesquels - Douaumont (quelques maisons reconstruites ; pour 288 habitants en 1911, 38 en 1921, 10 en 1990 et 7 en 2006) ; - Ornes (quelques maisons reconstruites, avec pour 718 habitants en 1911, 23 en 1921, 10 en 1990 et 7 en 2006) et Vaux-devant-Damloup dit Vaux rasé a été reconstruit, de même que des dizaines d'autres moindrement touchés. Les communes non reconstruites sont qualifiées de communes « mortes pour la France ». Aujourd'hui, ces neuf communes sont toutes adhérentes à la Communauté de communes de Charny-sur-Meuse.
©François DETRY
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