Matisse – La couleur découpée.

écrit par patrickthibaut
le 18/04/2013
Matisse  La couleur decoupee.

Exposition au musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis, du 3 mars au 9 juin 2013.

«Les ciseaux peuvent acquérir plus de sensibilité de tracé que le crayon ou le fusain»
Henri Matisse
Il s’agit d’une des plus exceptionnelles donations faites au musée Matisse du Cateau-Cambrésis, ville natale de l’artiste.
En effet, qui – musée, institution, chercheur, collectionneur…- peut aujourd’hui annoncer la présentation pour la première fois au public d’un corpus d’éléments fait par Matisse et jamais montré ou étudié ? Ce sont ainsi 443 papiers gouachés et découpés non utilisés dans ses oeuvres par Henri Matisse qu’offrent l’ensemble de la famille Matisse ! Les gouaches découpées de Matisse sont rares et fragiles. Pour ses compositions, Matisse découpa directement dans la couleur des papiers gouachés, des algues, des palmes, des oiseaux, des fleurs… en nombre beaucoup plus important que ce qu’il utilisa pour créer les panneaux muraux, les couvertures de livres, les vitraux ou les tapisseries conçus avec cette nouvelle invention. C’est ainsi que ces éléments sont restés chez les descendants du peintre sans jamais être exposés, préservant de ce fait l’incroyable fraîcheur des couleurs.

L’invention des papiers gouachés, découpés et collés, qu’il développe pendant presque vingt années, de 1936 à 1954, mène Matisse dans une des plus importantes révolutions artistiques du XXe siècle qui marqua définitivement l’art occidental. Elle est le résultat de recherches acharnées, qui réunirent dans d’ultimes créations, peinture, sculpture et dessin, et aboutirent à l’accord entre le décoratif et le spirituel. Oubliant la peinture de chevalet, à plus de 75 ans, Matisse taille des feuilles de papier couvert d’une couleur posée uniformément à la gouache par une assistante. Matisse a d’abord créé avec cette technique des couvertures de livres tels que les Cahiers d’art et Verve puis, en 1937-1938, le rideau du ballet Le Rouge et le Noir commandé par Massine. Jazz, le livre sur la couleur sollicité par l’éditeur Tériade en 1943 est la première oeuvre importante née de ces recherches de couleurs pures.
Pendant toutes ces années, parallèlement à la peinture, il fait avec une persévérance singulière des essais avec ce procédé des gouaches découpées pour en trouver les potentialités expressives. des choses minimales, par deux couleurs. Les photographies d’Henri Cartier-Bresson, prises à Vence en février 1944, de l’atelier et de la chambre de Matisse, donnent des indications précises quant aux centres d’intérêt du peintre. Matisse découvre les lagons et les couleurs « de l’autre hémisphère » en 1930 dans un voyage qui l’emmène à Tahiti et dont il revient avec des photographies, des dessins et des souvenirs qui nourriront son travail jusqu’à la dernière création.
Cette donation constitue également un formidable témoignage des recherches artistiques de Matisse, nous révélant ses méthodes de travail et son incroyable virtuosité. Particularité de cette donation : elle ne voyagera jamais, seule la visite au musée Matisse et l’ouvrage édité pour sa présentation permettront d’en découvrir l’exceptionnelle qualité.

www. museematisse.cg59.fr – 224 pages – 35,00 €.

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