Vive Ben Laden: les Etats-Unis d’Amérique se cherchent un nouvel ennemi

écrit par ReneDislaire
le 13/05/2011
Ben Larden (selon son passe-port), foire agricole de Libramont, en 2001

Vive Ben Laden
La nature a horreur du vide, comme dit sérieusement Louis Michel chaque fois qu’il passe à la télévision.
Depuis toujours (enfin, depuis qu’ils ont gagné la guerre contre les Indiens) les Etats-Unis se prennent pour Dieu qui règne sur l’univers.
Mais pour que Dieu soit respecté et craint, il faut que le diable existe.
Ben Laden est mort, vive Ben Laden.
Oui, mais le nouveau Ben Laden, qui est-il, où est-il, que nous allions l’adorer ? (Matthieu, 2,8)

Chasseurs de têtes, allez-y
Il faut toujours savoir peser le pour et le contre, comme dit sérieusement Louis Michel chaque fois qu’il passe à la télévision.
Qui est benladenisabile ? (prononcer: ... bilé )
Faut pas qu’il soit communiste : depuis la chute du mur et l’effondrement du communisme en Europe par la grâce du Santo Subito (rien à voir avec le Lotto), depuis qu’Yves Montand est mort, depuis que la Chine est devenue l’atelier des pays riches, il n’y a plus de communiste qui mérite d’être classé comme ennemi de l’Occident (voir : Tintin chez les Soviets).
Faut pas qu’il soit musulman : depuis qu’il serait incorrect d’avoir encore peur d’Al Qaïda, depuis que la déliquescence des dictatures d’Afrique du Nord et du Proche et Moyen-Orient aux mains d’amis parfumés de pétrole a été mise en évidence par le printemps arabe, les Etatsuniens ont pris conscience que ces pays n’ont pas que des fossiles à carburer, mais aussi un peuple dont bon gré mal gré il faut bien admettre qu’il est musulman (voir : Tintin au Pays de l’or noir).
Faut pas qu’il soit de couleur. Sous peine de passer pour raciste. Mandela, on s'en foutait, mais depuis qu’Obama est là, les Noirs y en a amis (voir : Tintin au Congo).
Pas votre voisin, en tout cas pas avant l’automne, car vous risquez d’avoir un hélico qui crame là où vous faites vos barbecues (voir : Tintin dans les Fagnes).

Le casting, première
Personne ne détient a priori la solution aux grands problèmes de l’heure, comme dit sérieusement Louis Michel chaque fois qu’il passe à la télévision.
Qui peut succéder à Ben Laden ?
Monseigneur Léonard ? Il n’a ni femme ni enfants, et les Navy Seals (l’élite de la Navy qui a réussi à abattre Ben Laden malgré une panne générale de leurs caméras frontales) se sont entraînés pendant 15 ans pour mettre au point un génial stratagème inaméliorable : régler préalablement le viseur sur l’épouse que la vraie cible, un vieillard sans arme privé de dialyse, tient dans ses bras, en présence de ses enfants accourus de la chambre à coucher voisine, tous surpris en plein sommeil.
Michèle Martin ? Jean-Denis Lejeune a repris du service pour raviver la haine plébéienne, François De Brigode et son joker Nathalie Maleux ont avec lui assuré le lynchage de l’ex-institutrice recyclée. Hier un jury populaire, aujourd’hui la RTBF, on ne peut quand même pas la faire mourir trois fois.
Bart De Wever ? Rien que de le citer, c’est le valoriser, nous a écrit charitablement Manu Hozay. Voilà un argument lumineux. Alors, n'en parlons plus.

Le casting, deuxième
Il faut toujours essayer de voir les choses en toute objectivité, comme dit sérieusement Louis Michel chaque fois qu’il passe à la télévision.
Albert Frère ? N’oublions pas que les Belges deviennent de plus en plus pauvres. Alors, si nous donnons nos riches à tuer aux Etatsuniens, qui pourra encore faire l’aumône aux plus démunis d’entre nous?
Le prince Laurent ? Mais sur quel autre bénévole compétent le Tiers-Monde pourra-t-il compter pour résoudre « ses » problèmes d’eau potable, Jean-Denis Lejeune ayant repris du service chez la déesse Lilehana ?
Eddy Merckx ? Annie Cordy ? Toots Thielemans ? Will Tura ? Adamo ? Non, mais, ça ira, ça ira ? On a déjà mis trop d’aristocrates à la lanterne. Te veel serait te veel. Car nos actes auront à être jugés par l’Histoire.
Monseigneur Van Geluwe ? Oui, mais si jamais il était juif? Qui donc pourrait prouver qu’il n’est pas juif ? Testis unus, testis nullus. D'ailleurs, quel Belge peut-il prouver qu'il n'a pas du sang juif? Or un juif, même seulement potentiellement présumable, ne peut plus être l’ennemi de personne, depuis la pendaison d’Adolf (nous parlons de celui dont Ben Gourion, à la recherche d'un mythe fondateur pour son jeune Etat, a fait usage en cage).

Le casting, troisième
On ne peut pas ne pas être quelque part insensible à la rue, je dis bien quelque part insensible à la rue, comme dit sérieusement Louis Michel chaque fois qu’il passe à la télévision.
C’est ce à quoi ont réfléchi deux arabes éboueurs de la rue du Chêne et de la rue de l’Etuve à Bruxelles, éclaboussés quelque part par cette phrase limpide et profonde comme une lagune.
Eurêka, le Manneken Piss ! Ecce homo, le futur devil to be wanted ! dirent ces prolétaires basanés à la glotte polie originaires de Cyrène.
Le Manneken Pis. Juif, lui ? Oui, peut-être ? En voilà une, de zwanze! S’il n’avait pas de prépuce, ça se saurait jusqu’au Japon.
Il est le symbole du p’tit qui n’se laisse pas spotchî.
Il est rompu à l’art du camouflage (il a mille costumes différents, et la Crâss Djote va lui offrir le mille et unième).
Il est zeer bekend, mais peut passer longtemps inaperçu: il est le pionnier des missing children, et il a réussi sa vie.
Les deux bicots resteront inconnus, ils ne seront même pas de la revue, comme en 18 : l’autre Thielemans, celui qui travaille dans les dorures à l'hôtel de ville, assuré du soutien artistique du grand Jojo, leur a racheté l’idée, contre deux boîtes de loukoums (Voir : Tintin en Amérique). Le Manneken Piss sera donc le diable d'opérette indispensable à la survie du peuple étatsunien.
C'est la manne assurée pour la région bruxelloise (voir : les Bijoux de la Castafiore): à nous les retombées opulentes de bases de Boys, de caches de terroristes, de création d’emplois de policiers (voir :Tintin en Amérique), et la garantie de devenir une puissance nucléaire, comme le Pakistan (voir : Tintin au Tibet).

Dernière condition
Rien ne peut se faire sans l’accord de la communauté internationale, comme dit Louis Michel chaque fois qu’il passe à la télévision.
C’est quoi la communauté internationale ?
C’est quelque chose qui n’existe pas.
C’est un quarteron, comme a dit à propos d’autre chose de Gaulle une fois à l'ORTF. Mais qui s'arroge le droit de représenter la multitude universelle.
C’est tout juste Sarko qui est censé avoir téléphoné à Angela, à Sylvio et à … comment s’appelle-t-il, le Premier de la reine d’Angleterre ? Puis il tirent à la courte-paille pour voir lequel a le plus de chance d’avoir l’oreille d’Obama au téléphone (n’importe laquelle, une c’est assez).
C’est que ça, la communauté internationale ?
Oui, et c’est trop injuste : la communauté internationale ne comprend ni le Kirbati, ni la Micronésie, ni le Belize, ni Ste-Lucie, ni le Palaos, ni les îles Salomon, ni les Comores, ni le Honduras, ni Monaco, ni le Tonga, ni la Lettonie, ni le Filkistan, ni le Haut-de-Boudaing (à suivre)

René Dislaire

  • Ben Larden (selon son passe-port), foire agricole de Libramont, en 2001
  • Le futur ennemi des Etats-Unis, essayant un costume pour passer incognito
  • Ben Laden
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René Dislaire